Notre complicité
s'égare
Sous l'assaut persistant
Des autres
Je marche
sur les quais des gares
En épuisant le temps
Le nôtre
Une histoire
qui nous sépare
D'un silence latent
Le vôtre
Je voudrais
dresser des remparts
Autour de nos printemps
Quoi d'autre
T'emmener
là, quelque part
Dans les herbes d'un champs
Tout autre
Il ne sera
jamais trop tard
Nous avons tous nos ans
Entre autres
13 août
2002
OCTOBRE
Quand l'automne nouera de son collier
Ses couleurs de feu à la poésie,
Glisseront les larmes du peuplier
Sur le givre des aurores transies.
La pluie viendra
délaver les carreaux
En trombes folles, chasser le vertige
Des poussières que tiennent sous garrot
Les deuils de septembre épris de vertiges.
Les plaintes
du vent viendront se nicher,
Confondant la mélopée des persiennes,
Sous les colombages effarouchés
Aux mémoires de nos saisons anciennes.
SOURDINE
Je ne retrouve plus toutes ces partitions
Qui comptaient en surplus mes sombres percussions.
J'ai chanté faux longtemps sans battre la mesure
Les accords tremblotants d'une atroce brisure.
La musique
s'est tue depuis votre départ
Et je lui substitue mes gammes, la plupart.
Sur la portée des jours, vos notes qui s'égrènent,
À nos anciens amours, cinglantes, me ramènent.
Quelque part
sur le sol, je trouverai la clé
Pour qu'enfin ils volent, ces mots qui ont giclé.
Tellement trop de nos silences qui transpirent
Ont perdu tous leurs sens bien qu'encore ils respirent.
6 août
2002
DÉCHAÎNÉS
Protégée
de ton corps, à l'abri des grands vents,
Mon ventre se tord juste à te sentir vivant.
Menaçants sont les cieux; la tempête fait rage.
Se devinent les yeux, plus question d'être sages.
La pluie inonde
les bardeaux sur notre toit,
Étant vagabonde jusqu'au bout de mes doigts.
Ta langue me découvre; mes mains, elles, explorent;
Mes lèvres s'entrouvrent, ta bouche me dévore.
Tous les éclairs
de feu viennent embraser le ciel,
Témoignant à nos jeux un plaisir démentiel.
Et nos corps se cambrent dans un élan sauvage
Faisant d'une chambre notre arène volage.
Mes craintes
tu lèches sans m'accorder répit,
À mon âme prêchent faux péchés
décrépits.
Où les luttes se meurent, les cris agonisent,
Dans un râle écumeur me faisant ta soumise.
Lorsque vient
se tapir l'union de nos odeurs,
Chacun de nos soupirs célèbre la candeur.
Ton velours m'effleure, mes cuisses te retiennent;
Mon ongle écornifleur, mes prières païennes.
Te prendre
de plein droit et m'offrir tout autant,
À l'envers, à l'endroit; délices entêtants.
S'enflamment les enfers et s'éventre la terre ;
Mes poignets dans tes fers, jouissance libertaire.
19 août
2002
LA
FOLIE EN QUATRE
Jadis
Du bout des doigts
J'ai effleuré les feuilles
Des champs de trèfles
Coupés
Passé
Tous ces étés
Allongée dans les herbes
À le chercher
Sans cesse
Trouvé
Des balafrés
Petits et grands, mêlés
Quelques boutons
De fleurs
Et puis
Sans crier gare
Quand je ne cherchais plus
Sont apparues
Les quatre feuilles
9 août
2002
QUAND
AIMER FAIT MAL
Je t'aimerai
jusqu'à saigner mon âme,
À purger mes désirs dans tes enfers.
À m'incendier au brasier de tes flammes
Pour aller crever cent fois sous tes fers.
Oui, je t'aimerai
comme on s'abandonne
Au mal qui dévore sans rien laisser ;
À celui qui prend, qui jamais ne donne.
Sorcière que tu es, moi trépassé.
Je t'aimerai,
faudra t'il que j'en meure,
Méprisant ta censure et tes refus.
Je ferai de ton néant ma demeure.
De tes silences, mes discours confus.
Je t'aimerai,
égaré dans les brumes,
Foulé au pieds de l'honneur profané,
Mort déjà, un cur cassé qu'on inhume
Sous les poussières des mots condamnés.
5 septembre
2002
UNE VOIX
Ah! La claire fontaine où fabuleux s'acquiert
Des extases lointaines, accents purs et fiers.
Le charme mit à nu de ces échos fidèles,
De ces propos tenus au cur de votre belle
Et ces doux
murmures tels de suaves touchers
Faisant tomber les murs de silence ébauché.
Votre voix est musique qui pétrit les âmes
D'un timbre si magique et c'est là tout le drame.
Vous écouter
me perd, je veux pourtant mourir
Perdre mes repères ; l'extase fait souffrir
J'envie les chants d'amour que vous laissez entendre
Sans plus d'autres discours et rien pour me défendre.
Je voudrais,
une fois, dans votre intimité,
Au creux de votre voix, en toute impunité,
Que s'ouvre en ma poitrine autour de vos paroles
Le trouble qui butine en ouvrant ma corolle.
Et si demain
je meurs, gardez bien à l'esprit
Qu'en dépit de ma peur, je vous aurais suivi.
Ne craignez rien pourtant, persiste le mystère
Du plaisir envoûtant d'aimer jusqu'à se taire.
7 août
2002
