Alain
DUKARSKI
Alain
est un poète de l'Est de la France, il demeure près de
Nancy. Son univers, bercé par la présence de sa compagne
et de ses deux enfants, est plongé dans l'Urbanisme... une autre
manière de créer en somme !
C'est adolescent, en écoutant les disques de ses soeurs, qu'il
prend goût à la musique et aux textes d'auteurs célèbres
: Lavilliers, Higelin, Isabelle Mayereau, Mama Béa Tékielski
ou Hubert Félix Thiéfaine lui donnent envie de s'essayer
à la guitare... L'idée de composer par la suite lui-même
ses propres titres arrive tout naturellement. Par la suite, il abandonne
le côté musique mais conserve l'écriture comme violon
d'Ingres. Le goût du rythme est ancré en lui, ses textes
en sont la preuve concrère, car tout est travaillé à
l'harmonie, ce qui donne une musicalité naturelle aux poèmes.
Ses références en matière poétique sont
diverses : Artaud, Maiaikovski, Eluard, Rilke, Cendrars, Apollinaire,
Baudelaire, Neruda, Anne Hébert.
Pour
ce qui est de sa poésie, nous vous laissons la découvrir
: elle parle d'elle-même et emprunte des sentiers très
particuliers, comme la médecine ou la recherche bio-médicale,
le tout transcendé dans le mystère du sentiment...
....................................................... 
......Si
vous désirez lui laisser un mot
sur son LIVRE D'OR, cliquez sur la photo...
SOMMAIRE
-Manipulations
intrinsèques
-Dites, c'est loin la mort ?
-Serial Looser
-Sommeil scannérisé
-Fréquences incompatibles
-Haïkus
-L'Ile aux Treize Ors
-Doute
-Sur un coin de table
-Compte à rebours
-Dernier sursaut du phénix
-L'humain est erreur
-Le goût de l'autre
-Simple constat
-Terre Minée
Manipulations intrinsèques
J'étudie les interférences
Des réalités virtuelles
Entre le monde de mes errances
Et mes folies irrationnelles
Là dans la rupture du silence
Où se traîne l'angoisse du réel
Je rétablis les lois physiques
De mon algèbre décérébrée
Les composés d'acide caustiques
D'oxyde d'amour décomposé
En mélangeant les corps chimiques
Dans un Becher de volupté
Je cherche à écrire
l'équation
D'un problème aux mille inconnues
Pour trouver l'ultime relation
Qui régit l'ordre absolu
Pour résoudre la solution
De mes logiques dissolues
Je dresse la table des logarithmes
Sous laquelle je vais m'allonger
Pour me cacher de l'algorithme
Du rôle que l'on m'a programmé
Cherchant une cassure dans le rythme
De la décadence annoncée
Je décompose les éléments
Pour analyser les mystères
Du noyau de mes sentiments
En extraire la matière première
Et modifier plus facilement
Le dernier gène qui m'exaspère
Je décode alors l'A.D.N
En séparant les molécules
D'un côté celles qui gèrent ma haine
De l'autre celles que je manipule
Ces tas d'atomes qui me gangrènent
Bien à l'abri dans mes cellules
J'entame une chimie rigolote
En modifiant les covalences
Des chromosomes homozygotes
L'infime secret de leur essence
Et quand soudain c'est le jack pot
J'embraie sur l'alchimie des sens
Je taille la pierre philosophale
Qui saura enfin transformer
Mon désordre congénital
En un semblant d'éternité
Mais la roche friable, c'est normal
Ne se laisse pas ainsi sculpter !
11/06/2000 18h38
Dites, c'est loin la mort ?
Lorsque
le temps aura rongé mon corps
Abandonnant toute prétention de plaire,
Lorsque mes mains ne
sauront plus comment
Le goût des caresses traversait mes pores,
Lorsque mon sexe n'aura
plus sa superbe
Qu'il s'en ira mourir avant l'effort,
Lorsque mon cur
ne sera plus qu'un souffle
Trop haletant pour pouvoir encore aimer
Lorsque j'aurai perdu
la clé des songes
Subtilisant l'espoir d'un dernier rêve,
Lorsque mes synapses,
liaisons inutiles
Libèreront une par une mes cellules,
Cette année là
.
N'espérez rien de moi !
Je ne baisserai ni ma garde, ni mes mots !
Je n'aurai de cesse de vous taquiner !
27/07/2000 15h
Serial Looser
Serial looser embarqué
Sur l'autoroute de la nuit
Entre défaites et manqués
Englué dans son ennui
Aux concours de circonstances
Sans cesse son nom est primé
Et quand rien n'a d'importance
Il termine toujours premier
Voyageur initiatique
Aux pays des oubliés
Aux vapeurs d'anxiolytiques
Guidant ses rêves entartrés
Il arpente sa solitude
Et se heurte aux portes closes
Des maisons de plénitude
Celles qui dans sa tête éclosent
Proclamant sa nullité
Dans des bras sans lendemain
Il égraine son anxiété
Et se termine à la main
Son acharnement clinique
A demeurer inutile
Termine en rapport lubrique
Seul au fond de son asile
Désuvré dans ses
migraines
Des matins d'alcoolémie
Il s'embrouille et se gangrène
Agrippé aux bras du lit
A ruminer ses conquêtes
Ses impuissances maladives
Quant aux sorties de ses fêtes
Personne n'est là qui le suive
A force d'amour compromis
Et de liaisons perturbées
De rapports sens interdits
Et d'histoires édulcorées
Toutes ses relations s'étiolent
En déchéances cartésiennes
Il aiguise son laguiole
Et s'entaille ses arlésiennes
Tout est si noir et si blanc
Dans ses cauchemars translucides
Où toujours il est l'amant
D'étranges négociantes du vide
Ces maîtresses de l'impossible
Aux douces plastiques irréelles
Qui existent dans l'indicible
Le monde néant sensuel
Dissident de la logique
Et des idées préconçues
Refusant les harmoniques
Des entités ambiguës
Les nébuleuses cristallines
Aux frêles vertus halogènes
Ces amoureuses alcalines
S'égarent dans son oxygène
Scepticisme incohérent
Aux relents égocentriques
Cataclysme itinérant
Descendant des romantiques
Effrayé par les tabous
Qui s'entêtent dans l'inconscient
Il enraye par le d'égout
Les silhouettes des déficients
Se moquant de l'ostensible
Il écrit imperturbable
De belles chansons impossibles
Sur des musiques improbables
L'orgasmique excitation
De ses déboires amoureux
N'enfante toutes ses créations
Que lorsqu' il est malheureux
Sa boulimie d'écriture
A défaut d'inspiration
Dessine des caricatures
De poèmes en gestation
Mégalomane en faillite
Son cur dépose le bilan
Quand alors nul ne s'agite
Au fond de ses sentiments
12/06/95
22h55
Sommeil Scannérisé
Sur du papier blanc défraîchi
Mes engrenages multicolores
Evacuent toutes mes insomnies
A l'heure où mon amour s'endort.
Mon asphyxie hypermétrope
Accouche d'acrostiches ridicules
Que mes délires de misanthrope
Au fond de mes cauchemars acculent.
Glorieux combattant du néant
J'exalte des victoires inconnues
De belles batailles au firmament
Contre des ennemies disparues
Celles qui m'enviaient ma chasteté
Et mon oxygène interdit
Quand déjà j'étais fécondé
Par les compagnons du mépris.
J'irradie mes amphétamines
Pour le voyage de l'illusoire
Première classe intra-utérine
Dans l' train fantôme du désespoir
Quand l'aiguillage de ma pensée
Bifurque vers les dieux séculaires
Dernier rempart des initiés
Contre l'ennui crépusculaire.
Quand j'édifie pour mon plaisir
Dans mon lit qui en compte aucune
Un château d'cartes vide de désir
Pour combler mes dernières lacunes
J'écoute ma solitude pleurer
Au fond des entrailles de l'angoisse
Loin des vapeurs de volupté
Qui émanent du mouroir d'en face.
Perdu dans mes incohérences
Je cherche les vertus salvatrices
Qui tueront mes incompétences
Suicideront ma peine créatrice.
Erection gratuite inutile
Et fébrile sommeil assisté
Sont le lot de mes nuits fragiles
Inondées d'incapacité.
Quand la dérision s'achemine
Vers des contrées exaspérées
Perdu au seuil de la machine
Qui ne cesse de nous enterrer
J'aperçois la misère urbaine
De mon duplex conditionné
Où s'entassent les germes de ma haine
Et les prémices de sa beauté.
Putride esprit d'inconsistance
Exaltant les noirceurs débiles
Mesurant mes incontinences
Et mes nuisances indélébiles
Je défaille vers les catacombes
Cet antre de la négation
Où tous les soirs mon âme succombe
Aux charmes de l'aliénation.
Je m'enfonce plus profondément
Comme pour voir si je peux survivre
A ce défi qui sournoisement
Se veut la matière de mes livres
Car de cette fiente j'extrais la prose
Qui s'étire le long de mes vers
Risquant de croiser l'overdose
Et de moisir six pieds sous terre.
Mais le temps des chimères approche
L'anxiolytique est en orbite
La vidéo à rêves décroche
Des places pour nuit inédite
Pleine de brouillard impénétrable
Des songes brouillés d'indépendance
Au seuil d'une fin indissociable
De son cortège d'indifférence.
20/02/95 11h10
Fréquences Incompatibles
Philosophie peroxydée
Et mathématiques dissolues
Pour métastases dégénérées
En quête d'une extase incongrue
Crayonné bègue pour non
voyant
Sur papiers brailles multicolores
Aux reflets amères trop saillants
Distillant des marges incolores
Digitaline pour curs brisés
Au rythme cardiaque en stand by
Relatant l'histoire avortée
Des tachycardies en fin de bail
Inerte imaginaire coincé
A l'odeur âpre de déjà vu
Entre le banal et le niais
Prisonnier d'un esprit obtus
Mausolée de tendresse frigide
Et de fantasmes édulcorés
Résultant d'un vieil homicide
Du rêve par la débilité
Prohibition des jeux hors normes
Aux sexes caressant des bouches bées
Interdiction du non conforme
Pas d'érection sous culs tannés !
Demeurent les extases anonymes
Les jouissances inculquées naguère
Loin des emportements sublimes
Pauvre académique misère
Nuages encombrés de poncifs
Dans ciel sans imagination
Cumulo nimbus inactif
Cunnilingus ou fellation ?
25/02/95 1h21
Haïkus
Shoot
Piqué à ton jeu
tu te défiles en aiguille
sur le lit des fées
20/07/2000
Carnaval
De masques en miroirs
De maquillages en reflets
L'homme se dévisage
13/07/2000
Nous
Quand le "Tu" n'est plus
Et que le "Je" disparaît
L'amour, lui, se fane
13/07/2000
Palette
Formes et matières
Couleurs, ombres et lumières
La soie pose ses vers
06/07/2000
Emphytéose
Savoir s'acquitter
Quand l'huissier vient réclamer
La créance du moi
08/11/2000
Autosatisfaction
Caresser l'espoir
Jouir de sa notoriété
Plaisir solitaire !
08/11/2000
Haute Couture
Voir dans nos miroirs
L'amour propre qui se drape
D'une étoffe de soi
08/11/2000
L'île aux treize ors
Même s'il y a loin de la coupe aux lèvres
On cherche un chemin à travers la grève
Loin des lieux communs nous conduisent nos rêves
Vers ces lendemains qui nous donnent la fièvre
Le sable émouvant s'imprègne
de la trace
De nos pas errants, légers et fugaces
Un dessin vivant qu'aucun vent n'efface
Se perd au ponant où les vagues s'enlacent
Le jour qui s'achève nous offre
un écrin
Poli par l'orfèvre qui taille les embruns
Un orage se lève pour d'autres desseins
L'aurore nous menace de tuer le temps
Envahit l'espace et nie l'existant
Pour un face à face entre deux amants
01/10/01 20:57
Doute
J'aimerais mutiler mes silences
Couper court à tous leurs non-dits
Laisser parler toutes mes absences
Enfin braver mes interdits
Arracher ces cris qui bouillonnent
Au fond de mes cahiers sertis
Que ma timidité bâillonne
Et qu'elle censure en un oubli
Je m'autorise donc l'indécence
D'offrir tous mes mots qui rayonnent
Derrière la vitrine de l'ennui
Sur l'étagère de ma souffrance
Où je classe ce que je crayonne
De piètres essais de poésie
12/01/2002 18h20
Sur un coin de table
Gueux nihiliste intermittent
Au doux regard indifférent
Je pense à toi
Les tentations toujours présentes
Déséquilibrent toutes mes attentes
Il fait si froid
Aussi j'aspire à la quiétude
Et revendique d'autres altitudes
En ai-je le droit ?
Les six bémols de mes faux airs
Me jouent une musique à l'envers
Qu'on n'oublie pas
Et je m'envole pour l'hédonisme
Brûlant mes ailes près des délices
Je suis en joie
Comme un boomerang qui me revient
Alors que je partais plus loin
Je nous revois
Mais aujourd'hui j'hésite encore
Suivre ma voie ou bien ton corps
Quoi qu'il en soit
Mes vers emplis d'essence coquine
Sur un coin de la table dessinent
L'amour de toi
18/01/2002 20:12
Compte à rebours
Je sais que le temps m'est compté
Avant qu'un jour l'homme à la faux
Vienne me couper l'herbe sous les pieds
Faucher le chant de mon fado
Juste avant que je ne défaille
Que je m'enfuie vers d'autres zoos
Plonger au fond de mes entrailles
Fermer la cage de mon cerveau
Avant que d'être en quarantaine
D'oublier de soigner mes mots
De ne plus exprimer mes haines
De ne plus jouir de tous mes maux
Aurais-je l'élégance de
vieillir
Sans oublier de rester vert
Car je ne voudrais pas partir
Sans me payer un dernier vers
Même si les nuages s'amoncellent
Et même si mon temps s'assombrit
Par delà mes tempes poivre et sel
Le bleu du ciel est infini !
11/02/2002 12h55
Dernier sursaut du Phénix
Je n'ai plus de notion
du temps
Plus de notion de nos vingt ans
Une relation asexuée
Pleine de désirs de volupté
Et je patauge dans les abîmes
D'un monde qui n'attend rien de moi
Pendant ce temps nos vie s'abîment
A désirer je ne sais quoi
Ainsi s'achève notre
existence
Notre voyage entre nos murs
Comme dans un film de série B
Qu'on aura vite fait d'oublier
C'est comme une histoire à l'eau de rose
Du consommable que l'on égare
Le vide à son apothéose
Un roman nul de quai de gare
Aussi j'arrache à
sa torpeur
L'élan animal qui se meurt
Bâillonné au fond de l'oubli
Dans les dédales des draps du lit
Je capitalise le mépris
Et l'absurdité de l'espoir
Ne reste que l'idolâtrie
La seule raison de les surseoir
Que reste-t-il de nos stigmates
De tous nos rouages d'automates
Qui nous reviennent en un feed-back
Abolir l'ordre de nos abaques ?
Rien que des runes d'une autre époque
Idéogrammes cunéiformes
Des signes d'ailleurs qui nous évoquent
L'instant magique qui nous transforme
Alors chacun sur sa lancée
Nous poursuivons nos avancées
A l'opposé comme deux amants
Comme les deux pôles d'un même aimant
Qui chevaucheraient la même fréquence
Sans parvenir à être en phase
Et qui, masquant leurs attirances
S'entre-déchirent par petites phrases
Peut-on recréer
l'impossible
Cloner les miettes indivisibles
Subtiliser aux alchimistes
Les recettes des tâches interdites ?
Mais notre pierre philosophale
Brille-t-elle encore de toutes ses flammes ?
Ne soyons pas trop triomphal
Son feu se meurt sans oriflamme
A moins qu'intervienne
le Divin
Pour changer le vinaigre en vin
La cène n'a plus toute sa saveur
Briser le pain est sans valeur
Le miracle serait qu'on oublie
La tour de Babel où tous deux
Nous chantons nos cacophonies
Dans un duo le plus hideux
Il n'y a donc plus rien
à faire
Pour restaurer l'ivresse d'hier
Il n'y a plus qu'à fermer boutique
Clore l'inventaire de nos critiques
Et s'échanger nos pseudonymes
Pour mieux oublier nos prénoms
Et nos fausses adresses anonymes
Pour mieux se perdre à l'unisson !
09/01/98 0h10
L'humain est erreur
À trop simuler le bonheur
Dans ses cocons de rêves fragiles
On craint de briser la candeur
D'une existence un rien fébrile
On croit maquiller ses
néants
Sous des couleurs dénaturées
D'un fard brillant de faux-semblants
Qu'on peint sur ses paupières fermées
Mais sous le masque trop
trompeur
Resplendit la beauté livide
De ces âmes qui s'ouvrent sur la peur
D'un quotidien, hélas, timide
À force de crier
que nous sommes
Alors que nous vivons sans être
On s'imagine mourir en homme
En oubliant de savoir naître
On cache ses bassesses
bien humaines
Pour se prouver que l'on existe
Tant et si bien qu'on se gangrène
Face aux plaisirs qui nous assistent
Et là, en un mot
comme en sang
On cherche à palier ses souffrances
Et l'on s'affirme en commençant
A se taillader nos carences
Aussi peu fier de n'être
rien
On veut jouer de nouveaux rôles
Au travers de lointains destins
Que seule l'imagination frôle
Vouloir approcher au plus
près
Toutes les nuances de l'arc-en-ciel
N'est qu'une chimère qui fait rêver
Le vulgaire commun des mortels
Mais chaque réveil
est plus cruel
Et les migraines omniprésentes
La réalité n'est pas celle
Que le virtuel nous présente
Et tous les cancers qui
nous rongent
Finissent par briser nos espoirs
Au seuil d'une aurore qui nous plonge
Aux confins d'une mort dérisoire
25/6/98
- 23h35
Le goût de l'autre
Splendeurs de l'apnée
Dans les profondeurs
De la volupté
Confusion des sens
Dans l'intense douceur
De notre insolence
Sueurs et soupirs
Sensation tactile
Caresses et plaisirs
A corps et à cris
En décors subtils
L'accord se décrit
Parfum des moiteurs
Effluves sensuelles
Air que nos peaux fleurent
Douces mixtions suaves
Que nos pores révèlent
Dont nos lèvres se gavent
L'ivresse qui pétille
En bulles éclatées
Réjouit les papilles
Et nos yeux qui brillent
Pupilles dilatées
Soudain s'écarquillent
Salées ou sucrées
Lécher les saveurs
Les liqueurs sacrées
Les huiles essentielles
Que suintent nos ardeurs
Pluie du septième ciel
De nos râles accouchent
Tendres voix lactées
L'ultime mise en bouche
D'où coule notre amour
Nectar enfiévré
Miel que l'on savoure.
03/04/2002 15h22
Simple Constat
Le néant hait ce qui existe
Le néant c'est ce qui n'est pas
Ce qui n'est pas n'est que néant
Le néant n'existe donc pas !
Si le néant est ce qu'il est
Le néant hait donc ce qu'il est
Mais le néant ne peut pas être
Et ne peut être ce qu'il hait !
Qu'est-ce donc que cette chose qui naît
Alors qu'il n'est plus rien qui soit
Que le fait même de vouloir être
Annihile la raison qu'il soit ?
Or si le néant n'est que vide
Il est un espace évident
Essayons de combler ce vide
L'espace est réduit à néant !
Pourtant plus il y a de vide
Et plus il y a de l'espace
L'espace est donc empli de vide
Un vide qui envahit l'espace
Tentons donc de vider le vide
Celui là même qui ne l'est plus
Un vide évidé de son vide
Plus vide encore qu'il ne le fut
Ainsi le vide est un espace
Un espace au creux du néant
Et donc le néant est un vide
Au milieu de l'espace béant
Mais cet espace n'est rien qu'un vide
Rien qu'un vide entre deux néants
Un trou sans fond où moi je vide
Mon néant l'espace d'un instant!
14/8/98
Terre minée
T'es parti trop tôt, sans adresse,
en oubliant de m'embrasser
Pour ce doux monde que je caresse les soirs amers pleins d'anxiété.
Nous n'avons pas trouvé le temps
de partager nos idéaux
Toi la nature et moi le vent, toi la culture et moi les mots.
Aujourd'hui je dois être un homme,
un de ceux comme tu l'étais
Simple curieux que tout étonne, sans envergure, sans vanité.
Quand tes métastases assassines
consumaient tes dernières ressources
Je n'ai pas su te prendre la main, j'ai suivi ma propre course.
À l'heure du passage vers ta
nuit, je n'ai pas su être avec toi
J'ai préféré nier ce qui faisait que tu ne serais
plus là.
Tu as brûlé ton existence
au fond de ce terrain miné
Galerie de mort et de silence, structure de bois silicosée.
Traversant la salle des pendus comme
pour y suspendre ton soleil
Tu échangeais tes attributs, condamné à une nuit
d'éveil.
Tu partais draguer la minette dans les
bas-fonds de ton quartier
Pour seul bagage, ta vieille musette, armée d'un litre de café.
Ta richesse c'était ce crassier,
toujours plus haut, plus long, plus beau
Comme jadis les tas de fumier sur tous les usoirs communaux.
Et dans les arcanes de la terre, tu
promenais ta gueule jaune
Artificier, sculpteur de pierres, spéléologue des silicones.
À la recherche de ce filon, de
cette veine ferrugineuse
Tu as oxydé tes poumons, cancérisé toutes tes muqueuses.
Ruinée, la vallée de la
Chiers, le Pays Haut abandonné
La Lorraine troque son cur d'acier contre des bronches empoisonnées.
C'est la chanson des hommes du fer que
l'on chantonne en sol mineur
Dans la fière cathédrale d'enfer, rouillée de larmes
et de sueurs.
12/04/97

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