........................LUCE ILE

 


 

Imaginez des pas légers aux bords du Saint-Laurent, aux couleurs neige et vent, un corps de femme à l'âme légère et douce... Imaginez les pensées qui se font poème au gré de ses regards ; imaginez le passé chassé par les espérances de demain ; imaginez le sourire au tintement d'une boutique sentant bon la brioche dorée...

C'est tout cela et pourtant si peu, Luce-Ile, c'est un coeur sur un nuage qu'on n'ose pas déranger tant il semble fragile et si fort à la fois ! Une volonté d'apprendre aussi, qui donne à la légèreté de ses lucioles une trace indéfectible de musicalité et d'harmonie.

Elle pétrit ses vers comme le fait son artisan boulanger de mari, rendant à ses mots une senteur toute personnelle et une dorure qui plait au palais de nos ressentis...

Découvrons ensemble quelques unes de ses pâtisseries propres à donner l'envie d'en reprendre !!!

 

 

SOMMAIRE

Tous les mots sont couchés...
Que reste t'il des jours ...
Plus j'essaie d'oublier...
Parfois je piétine...
Le feuillage du tremble...
J'ai vu venir les ans...
Je reconnais le vent...

Le vent pris en filet...
Quelques mots
J'ai bercé mes enfants...
J'ai marché sur son dos...
Quand aurais-je fini...

 

 


Tous les mots sont couchés, il me reste à dormir!
Ils se sont alignés sur les plis du visage.
Les rides ont marqué mon noble paysage,
Sur la feuille fébrile, on les sent bien frémir…

Il me reste à dormir et rêver de franchir
Un éclair de désir au plus fort de l'orage ;
Tous les rêves sont fous s'ils touchent le mirage
Qu'un écrit de la main a su faire fléchir !.

Et rêver de franchir ce miroir dangereux
Tourmentant mon sommeil qui se blottit au creux
De fausses illusions où je peux me cacher…

Ce miroir dangereux sur les feuilles du livre
Combien verront l'aurore et son goût de survivre,
Même de la passion tous les mots sont couchés…




Que reste-t-il des jours où la douce lumière
Éclairait la nature et ses boisés prospères
Sur le même sentier, feuillages rougissants
Recouvrent les vallons où j'allais en flânant

Et parlant aux ruisseaux, assise en solitaire
Pour leur dire à jamais de ma berge de terre
Que d'un feu si brûlant je t'aimais pour toujours
Que mon cœur et mon corps te voulaient tour à tour.

Et de tous nos amours cachés dans la bruyère
Sous les nuages flous de la voûte d'antan
Nos vieux corps à cette heure n'ont d'allure si fière

Qu'en nos jeunes années, qu'en nos naïfs printemps
Mais nos lignes de mains en duo s'entrelacent
Du passé, reste encor de s'aimer tendrement.

Décembre 2002

 

 

Plus j'essaie d'oublier, de le rendre anonyme
Taisant l'accès secret, serrure sans sa clé
Quand je biffe l'éteint ou même le supprime
Il envahit mes nuits, en sa courbe, encerclée

De mes os sous ma chair, squelette frémissant
En les veines du cœur où circulent les peines
Dégouttent sur mes vers se mélangeant au sang
Mais toujours et partout à mes jours il s'enchaîne

Sans secours il m'entraîne en son gouffre douteux
Où l'angoisse rend fou, son histoire est cousine
Du noir qu'on assassine avant que d'être vieux.

Je ne veux plus plier, jamais courber l'échine
Devant ce hideux monstre engouffrant le plaisir
Et l'anesthésier, ce passé qui s'obstine!

 

Parfois je piétine, indécise balance
Et je sens le désir, ce rusé sentiment,
Se confondre au plaisir et son contentement,
Ayant pour déjouer la même ressemblance.


Bien sûr que j'ai envie d'écouter ses caprices,
Mon cœur, son seul espoir, son but et sa passion
Les goûts de son désir, son vide d'affection
C'est qu'une chaude armure l'entoure de délices

Bien mieux que tous ces vœux vivant de l'espérance
De la chaleur du feu, se brûle l'aile d'or
Faut-il l'étanche soif pour combler jouissance?

D'entre les deux jouir, lequel verra l'aurore
Moi je dis le plaisir vaut mieux que le désir
Quoique de leur union, je voudrais bien encore.

Décembre 2002

 


Le feuillage du tremble aussi celui du chêne
Se mélangent sous mes pas à terre mouillée
Entre les fins roseaux, le vent doux, son haleine
Susurre sur ma joue, son murmure voilé

Tout près comme en écho, je vois s'aimer le bleu
Celui du ciel si clair, celui de l'eau si pure
Je songe à ces rêves, nuages onduleux
À quand l'amour soupire oubliant la mesure

Je vois ces bleus s'aimer ni sans même un rideau
Pour draper leur union et ce bonheur couché
Sur le bel horizon m'est offert en cadeau
En cet après-midi où je viens pour marcher

Sur cette petite île à l'odeur irréelle
Les souvenirs rampent, m'accrochent en passant
Si souvent y venir sur cette pointe belle
Ce jour vont y courir des rêves caressants

Vont y naître et mourir bien avant la vieillesse
Pour retrouver l'espoir ou la joie qu'on attend
Me faudrait revenir à l'âge de jeunesse
Car je sens bien qu'aimer, n'est pas ce qu'on prétend

Faut-il naître et mourir et souffrir sans frontière?
Le mieux est sans attente et si l'hiver est doux
Si murmure son chant, rôdant sur la lisière
Pour déposer mes rêves sur ce chemin de boue.

 

 

J'ai vu venir les ans, un à un et puis fuir
Mais les fleurs de passion cultivées par l'aurore
Continuent de germer même quand vont s'enfuir
Les étés, les hivers, quand vingt ans s'évapore.

Mais les fleurs de passion cultivées par l'aurore
Qui frémissent aussitôt que le ciel veut rosir
Les étés, les hivers, quand vingt ans s'évapore
S'enracinent au cœur pour goûter le plaisir.

Bouton de la passion vient à peine d'éclore
La rosée du matin avant de s'évanouir
En abreuvant la tige en arrosant la flore
Ainsi de la passion est toujours de languir

La rosée du matin avant de s'évanouir
Est aussi le témoin du geste qui l'honore
Ainsi de la passion est toujours de languir
Tant sera la vie, ce rêve nous dévore.

Décembre 2002

 

Je reconnais le vent
Qui précède l'orage
C'est un abri mouvant
Qui couvre le visage.

Il essuie en passant
Toutes les écorchures
Qui ont griffé les ans
De ses égratignures.

J'ai entendu pleurer
Suspendues à des branches
Les jours désespérés
De n'être que nuits blanches.

Un à un, les printemps
Ont fait courber l'échine
Du miroir de l'étang
Où s'envase l'épine

Mais je sais un pays
Où les vallons apaisent
Les rides des soucis
Sur ses tendres falaises.

L'herbe sait écouter
Le moindre des murmures
L'épaule de l'Eté
Est douce chevelure.

En toute liberté
On peut cueillir les rires
Car la peur a déserté
Le cœur de cet empire

 

 

Le vent pris en filet
Comble la solitude
Du mur ou du muret
Usé d'incertitudes

Dans le filet des ans
Chargé de certitudes
Le mur muet du temps
N'est plus si solitude

Son souffle en fin duvet,
Frôlement d'attitude,
De sa trace, revêt
Muettes inquiétudes

Le vent dans mon filet
Pleurant mes habitudes
le mur le plus muet
connaît ma lassitude.

 


QUELQUES MOTS

Quelques mots sur mon cœur
Accrochés à des ailes
S'envolent vers ailleurs
Pour croiser sa nacelle.

Cet esquif va bercer
La murmurante étreinte ;
Dans un creux, enlacée
Il prendra ma complainte.

Dans l'Eden de l'azur
L'églantine est éclose
Et ses yeux sont si purs
Que l'amour y repose.

Mon oiseau enjôleur
Fait vibrer sa musique
Sur les cordes du cœur
De l'instant nostalgique.

Chaque coin du bonheur
Est autant poétique
Que ne le sont les fleurs
Des jardins lunatiques.

Sur le sein d'une fleur
Agonise une étreinte
Mon regard est songeur
Soupesant les contraintes

Que sert-il aux amants
Le serment que l'on scelle?
Il brille au firmament…
Car l'amour a des ailes.

janvier 2003

 

 

J'ai bercé mes enfants
Dans les bras du silence
Et mes doigts caressants
Ont calmé leur enfance.

J'ai senti bien souvent
Minuit souffler les ombres
Quand ses chants émouvants
Emplissaient la pénombre.

Au temps des papillons
Ils ont fixé des ailes
À chacun des rayons
De l'étoile éternelle.

Accrochées au plaisir
De mes jeunes princesses
Les années vont choisir
Les plus tendres caresses.

Je n'ai pas oublié
Les biscuits-confiture
Ils sont émiettés
Au milieu des murmures.

Quand j'étais paravent
Au printemps des orages
J'espérais que devant
Était mieux et plus sage.

Ce poème est troublant
Il fend mon cœur de mère
Se questionne souvent…
Ai-je assez bien su faire?

Janvier 2003

 

 

J'ai marché sur son dos
À l'instant où la lune
Dépose son radeau
Sur l'immobile dune.

J'ai laissé sur sa peau
La trace d'une empreinte
Sur ce lisse repos
S'étale mon étreinte

Quand gémissait son corps
Mes pieds sur ses hanches
J'effleurais ses accords
En foulant l'herbe blanche

Son front, comme un étang
A des sillons tenaces
Les rameaux, s'arc-boutant
Sont tapissés de glace

J'ai marché sur son dos
Vous raconte ma plume
J'abaisse le rideau
C'était un soir de brume.

Janvier 2003

 

 

Quand aurais-je fini de l'espérer, l'amour,
Ce sentiment si fort mais si impitoyable?
Il sommeille pourtant ou alors il est sourd
En nos rêves profonds tellement insondables.

Aurais-je un jour fini avec tous ces désirs,
De penser qu'il suffit de soupirer, de croire
Qu'il faut aimer toujours pour ne point en mourir,
À cette source pure encor faudra-t-il boire?

Aussitôt que ce feu a deux fils enlacés
Il s'empresse souvent d'y saupoudrer le doute
Entrouvrant ses volets à des vents insensés.

Sous un même bouleau, pour un temps, enlacer
L'herbe verte, la pluie mais aussi les nuages,
Et puis lier les mains de deux cœurs emmêlés.

janvier 2003