Nicole HERAULT
ou "DENTELLE"

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Berrichonne grand teint, je réside à Bourges, en plein centre de la France. " Cheu nous ", en Berry, les champs de blé, colza , maïs…. repoussent loin l'horizon, jusqu'à buter contre un fier village dressé sur des coteaux réputés = lorsqu'on presse leurs flancs, un liquide rouge et or s'écoule, pour le plaisir de bien des palais et papilles, le fameux " vin de Sancerre ".
Dans ma jeunesse, l'écriture fut l'amie intime, l'indispensable résonance à la vibration. Il en résulta un roman, quelques nouvelles - qui restèrent dans mes tiroirs secrets - et une trentaine de textes de chansons (poésies ? ?) écrites en collaboration avec un compositeur de musique.
Je posai presque radicalement la plume durant de très nombreuses années - pour des raisons que je qualifie aujourd'hui de faux prétextes - , la fréquentation assidue des livres dans la pratique de mon métier semblant me suffire.
Internet et ses " chat ", une belle amitié virtuelle, des désirs souterrains refoulés trop longtemps, me conduisent au sein d'un groupe d'écriture. De février à octobre 2001, en renouant avec mon mode spontané d'expression, la prose, je " commets " un certain nombre de petites nouvelles, au sein d'un groupe de… poésie !
La rencontre d'Angèle L. - que je salue très chaleureusement - représente un tournant important. Non seulement elle me fait découvrir l'haïku et m'encourage à en écrire (selon les règles !…), mais elle m'incite à m'enhardir, me fournit des adresses de sites intéressants, tout en me dirigeant très habilement vers un traité de prosodie classique. C'est ainsi que j'en viens à la poésie… toujours pour me distraire, mais aussi pour tester mes aptitudes.
Je suis donc, depuis une petite année, une débutante en poésie, peu à l'aise dans l'écriture en vers libres. Même lorsque je m'efforce de l'éloigner, je me sens " rattrapée " par la rime, avec laquelle, cependant, je prends ça et là des libertés . J'essaie de respecter quelques grandes règles de prosodie dans les compositions de poèmes à forme fixe (villanelle, sonnet,….). Sans atteindre le " pur classique " (holà! les coteaux en sont plus escarpés que ceux du Sancerrois ! ! ), je m'esbaudis dans le néo-classicisme d'une rimailleuse qui… fait ses gammes !
Sans ambition littéraire, mon plaisir réside dans les échanges.
Sur les forums d'internet, l'écriture comme moyen de communication est une évidence. C'est du direct, du dialogue en temps réel. On apprend beaucoup des autres, de l'entrecroisement des diverses sensibilités.
Et voilà bien, sans doute, ce qui m'intéresse au premier chef : l'être humain, ses espoirs, ses souffrances, ses doutes et questionnements, ses idéaux, ses chimères, ses passions…
J'aurais aimé être l'auteur de cette pensée :
" On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux "
(Antoine de Saint Exupéry).
Je voudrais savoir me tenir toujours à hauteur de cette devise :
" Sincérité - Modestie - Humour "

Dentelle

 

SOMMAIRE

Age ingrat
Aimez-moi
Aveu
Ce n'est rien...
Col Claudine
Contre vents et marées
Cruelle
Fleur de vie
Jeunesse
Nuit de délire
Recette pour s'évader
A trop rêver
Ballerine
Et le coeur
Errance
Là-bas

 

AGE INGRAT

Une âme crie
En son minuit…

A la croisée des rides
En sa peau parchemin
Elle lit des mots vides
Où s'enfouit le chagrin

A deux, la vie coulait,
Chicanes, fêtes, peines,
La vie, tout doux, rangeait
Ses jours en file indienne

A deux, n'étaient point vieux
Même le cœur en veille !
Et voilà que l'adieu
La laisse seule, et vieille

 

Une âme prie
En son midi…

Les enfants sont charmants
Ils apportent des fleurs
Et repartent contents
Elle a bien tu sa peur

Ne fuyez pas encor !…
Sa supplique muette
Emmurée en son for
La laisse creuse et blette

Un turbulent silence
En ce grand lit désert
Immerge sa dormance
Au fond d'un puits sans air

 

Une âme plie
En son lundi…

Le temps peine à compter
Ses heures d'infini
Le cœur souffre, à penser,
Le corps fait mal, aussi

Aiguilles et crochets
Objets de créations
A dû abandonner
Sacrifiées les passions

De ses vieux doigts noués
S'échappe du néant
Quand danse la télé
Sous son regard absent

 

Une âme fuit
Vers son oubli…

Les années au-dessus
De quatre-vingt, dit-elle
Ne sont que superflu
Que fumée de chandelle

Rêver à qui, de quoi,
Qui ne soient du passé
Les projets les émois
Au loin s'en sont allés

Pour un cœur aussi fier
Le grand âge est ingrat
Préférerait se taire
Ne plus battre ici-bas

 

Une âme crie
En son minuit…
La nuit s'étend

Une âme prie…
En son midi
Qui donc entend ?

Une âme plie
En son lundi…
L'ennui la prend

Une âme fuit
Vers son oubli
Il est grand temps !

 

Bourges, le 15/11/2001

 

AIMEZ-MOI
(essai de sonnet)

 

Dans ses yeux clairs trébuche un léger papillon,
Sa longue chevelure a parfum de verveine,
Sur sa bouche bleuie erre une note vaine,
Sa robe du dimanche a vertu de haillon.

Vénus de nulle part, tragique ludion,
Vous la verrez danser, Esmeralda-déveine,
Peindra votre portrait si sa muse est en veine,
Soudain s'évanouira, ne laissant que sillon.

En corolle sa main ne retient que le soir,
Du rêve ange gardien, généreux encensoir.
Fille du désamour, vague brouillon d'envie,

Chuchote sa supplique en timide bonsoir
A son Dieu de la rue où l'ombre vient s'asseoir,
Aimez-moi, je suis femme et tiens en moi la vie !


14/12/2001


 

AVEU
(pantoum en décasyllabes)


Nous serons seuls, demain, sur la falaise,
La mer coudra de petits plis gelés,
Il est trop tard, dissipons le malaise,
Les mots font mal de n'être que volés.


La mer coudra de petits plis gelés.
Est-ce mépris ? Ton silence me blesse,
Les mots font mal de n'être que volés,
Un deuil d'aimer qui renaîtrait sans cesse.


Est-ce mépris ? Ton silence me blesse,
D'un croissant d'ombre en tes grands yeux têtus,
Un deuil d'aimer qui renaîtrait sans cesse,
Un hymne mort quand les corps se sont tus.


D'un croissant d'ombre en tes grands yeux têtus,
Je lis l'aveu que tu caches encore,
Un hymne mort quand les corps se sont tus,
Une nuit vide un matin sans aurore.


Je lis l'aveu que tu caches encore :
Des mots en croix aux accents résolus,
Une nuit vide un matin sans aurore,
Tu me diras : " non, je ne t'aime plus ! "


Des mots en croix aux accents résolus
Noieront mon cri dans la lave et la glaise,
Tu me diras : " non, je ne t'aime plus ! "
Nous serons seuls, demain, sur la falaise.


04/07/2002

 

CE N'EST RIEN


Dans un ultime effort
Son petit sera né.
Sur le visage en feu,
On devine un sourire,
Chaque perle de sueur
Est joie en devenir.
Soudain, souffle coupé,
Elle imagine encore :
Et s'il allait souffrir
De quelque infirmité ?

Ce n'est rien... ou si peu,
Juste un sursaut de peur !

La milice est venue.
Leurs parents sont partis,
La mitraillette au dos,
Les yeux tournés vers eux.
L'un en l'autre blottis,
Deux enfants silencieux,
Tremblant de tout leur corps,
Fixent, l'oeil agrandi,
Les tasses de café
Qui ne seront pas bues.

Ce n'est rien... ou si peu,
Juste un instinct de peur !

Trois couleurs, une flamme.
Par-devant, l'orateur
Eructe en mots de haine.
Le vieil homme, en lui-même,
Voit une autre oriflamme,
Sinistre croix gammée,
Jaune étoile de mort,
Cris de corps torturés,
Squelettes en rayures,
Et toujours cette odeur...

Ce n'est rien... ou si peu,
Juste un regain de peur !

La pendule du temps
Scande un râle assourdi,
La douleur se détend,
La froidure des doigts
Aux draps moites rivés,
Gèle tous ses d'antan,
La nuit se fait glacée.
Il en est tout surpris :
Est-ce ainsi que l'on meurt ?
C'est si bref, une vie ?

Ce n'est rien... ou si peu,
Juste un hoquet de peur !

03/05/2002



COL CLAUDINE


L'enfant en col Claudine,
Petits nœuds bleus
Dans les cheveux,
Dînait d'une dînette,
D'un trop gros rien d'anorexie,
Sans envie, restait en vie.


L'enfant poids-plume
Plumait, la nuit, son oreiller,
Durant les ennuis d'insomnie,
Pactisait avec la lune,
Rêvait de tout dire à la plume
Sergent-major, de son plumier.


L'enfant petite mine,
Minée par les angines,
Mordait sa fièvre de rage,
A l'école des nuages,
Buvait ses larmes, de l'autre école
Imaginant les images.


L'enfant en blouses rapiécées,
A cloche-galoches cloutées,
Clouait ses mains sur ses frayeurs,
Butait dans les claquements de bottes,
Hurlait aux sirènes hurlantes,
Aux avions-bombes semeurs de tombes.


Enfant d'une enfance,
MON enfance,
Retourne vers la voie lactée,
Je ne t'ai pas aimée.


04/07/2002


CONTRE VENTS ET MAREES


La mer et un peu plus…
L'angoisse et au-delà,
A chaque fois la vague
Plus vague au pas à pas.


Jour après nuit l'écume
Plus acide à tes doigts,
Ta vie comme reflux,
La pâleur de ta voix.


La crête de tes craintes
Aux embruns de sanguines,
Les rochers d'insomnie,
Les algues vipérines.


La marée des saisons
Sur ton front dévasté,
Ridant les sables noirs
Des hivers sans été.


Le ressac du combat,
Cabré sur l'éperon,
Ton corps livrant bataille
Au crabe des grands fonds.


A l'horizon liquide,
Le satin d'une plage
Te redonne parfois
La houle en ton rivage.


La mer et un peu plus…
Pour engloutir l'effroi,
Recolorer ton âme,
La mer, et un peu moi.

20/02/02


CRUELLE
(petite ballade)


Souvent le soir, près de l'étang,
Il assoit le souvenir d'elle,
Un long frisson court en son sang,
Le fantôme bleu, de plus belle,
Encor et encor l'ensorcelle,
L'emporte au gré de son plaisir,
Rêve meurtri, poussière d'aile,
Sur la colline au fier désir.


L'Amour, ses miroirs triomphants,
Du temps volé que l'on cisèle,
Hors la Famille et les enfants,
Deux corps flambant comme javelle,
Les cœurs cernés, en citadelle,
De l'impossible à se choisir,
Vol suspendu de l'hirondelle,
Sur la colline au fier désir.


Entre le Devoir et l'Amant,
Broyée en son âme infidèle,
Elle monta vers son néant,
La haute tour fut son échelle,
Sombre dessein, chute mortelle,
Le laissa seul à son transir,
Au désespoir qui l'écartèle,
Sur la colline au fier désir.


Ô toi, sa clarté, sa jumelle,
Quitte ton antre de gésir,
Tends-lui la main car il chancelle
Sur la colline au fier désir.


07/03/2002



FLEUR DE VIE


Sur un marché aux fleurs, nous sommes rencontrés,
Bel endroit pour compter fleurette !
Moi dans la fleur de l'âge et vous trente ans ancrés,
Butiniez-vous une amourette ?

Les fleuristes vantaient la coupe saisonnière ;
Tandis que fleurs vous m'offriez,
Je pendis une fleur à votre boutonnière,
Et vous riiez, et vous riiez !

Courtisant la fleur bleue, vous m'avez baptisée
Première fleur parmi les fleurs.
Je ne savais, fleur à peine éclose, grisée,
Qu'un jour je verserais des pleurs.

Vous étiez fleur de lys pour me couronner reine,
Par la noblesse d'un beau mot,
Le dire avec des fleurs me faisait souveraine,
En moi fleurissait un pavot.

Puis nous avons marché, puis nous avons flirté,
Vous sifflotiez "petite fleur",
Echangeant des douceurs à fleuret moucheté,
Dans les ruelles de Honfleur.

Je reçus un baiser, des lèvres, fine fleur,
Suc exquis de fleur d'oranger,
Satin encorollé posé à fleur de coeur,
Subtil parfum de thé léger.

Ce doux baiser fleuri, vous ne l'avez pas su,
Est fleuron d'or, miel de ma vie,
Je le savoure encor les jours d'espoir déçu,
A fleur de peau, à fleur d'envie.

07/05/2002

 


JEUNESSE

Ecoute bien,
Toi, ma jeunesse,
Je ne veux plus toujours te plaindre,
Ecouter ton blues à rebours
Sur les temps morts de tes amours,
Je ne veux plus t'entendre geindre
Pour trois fois rien.


Regarde mieux,
Oh ! ma jeunesse,
L'âme en banlieue de nos enfants,
Les matins ouverts sur du vide,
Du rien à faire et de l'acide,
Les jours de non-vie insolents,
C'est tout pour eux.


Tout près, si loin
De ma jeunesse,
La violence et le mentir,
L'amour barbouillé de sida,
Le coeur prisonnier, les voilà
Nostalgiques d'un avenir
De saint-glinglin


Alors va t'en,
Toi, ma jeunesse,
Sur toi, ne gémis plus sans cesse,
Retourne vers ta souvenance
Dans l'écrin vert d'insouciance,
J'ai trop mal à cette jeunesse
Du temps présent.


28/03/2002

 

NUIT DE DELIRE


Travée d'insomnie,
Roc en fusion des douleurs,
Stridence des couleurs qui,
Sous ses paupières closes,
Implosent.


Eruption de nuit,
Cris noirs griffant le silence,
Peur, halètement de bruits
Que chaque flux de sang
Cadence.


Soudain l'âme s'allège,
Sur le feu de ses lèvres,
Une barque de mots
Echouée d'une autre rive,
Dérive.


Aube, aubade aubette
Décline l'aube du moulin,
Jeu symphonique dans sa tête,
L'aubère va l'aubin,
Aubaine !


Une aubépine auburn ?
Aubier de l'aubergine ?
Ô saveur de la daube !
Douce folie, manège,
Auberge.


A l'aube d'un sourire,
C'est l'aube qu'il respire,
Enfin !


24/05/2002


RECETTE POUR S'EVADER

A " EVASION ",
mon amie internaute


Jeter dans l'âtre éteint les souliers destinée
Refouler à pieds nus la ronce surannée

Etouffer le relent du temps évanoui
Labourer mot à mot le terreau de l'oubli

Effeuiller une fleur de cendres devenue
Verser un pleur de miel sur l'amie disparue

Repousser l'horizon par-delà le malheur
Taire en microsillon le tic tac de la peur

Refermer le cahier de l'antique comptine
Déchirer le linceul de la nuit serpentine

S'arrimer au reflet d'un arc-en-ciel marin
Ciseler l'avenir d'un visage enfantin

Baiser les doigts satin d'un pétale de rose
Frissonner dans les plis d'un regard qui se pose

Recueillir en calice une âme papillon
Humer une peau nue en un tendre abandon

Repeindre en tons pastels la noire solitude
Ouvrir ses draps son corps à l'inconnu prélude

Se laisser pénétrer par le sexe du vent
Dériver dans l'émoi du tout premier moment

Délirer en duo et pour un temps encore
Sourire au fol amour que la Beauté redore.

 

 

A TROP REVER...
( villanelle)

A trop rêver la vie amour s'en est allé
Fragile Nirvana redevenu mystère
En tes yeux mon beau rêve un matin s'est noyé

Le lointain devenir, à mon regard voilé,
Sur la lune valsait, pantomime légère
A trop rêver la vie amour s'en est allé

Mon azur sur ta bouche en tes mains ma gaîté
A trop lisser ta peau, liqueur de douce-amère
En tes yeux mon beau rêve un matin s'est noyé

Ton rire et ma folie au couchant de l'été
Ta sève dans mon corps, nébuleuse éphémère
A trop rêver la vie amour s'en est allé

Ta beauté léonine était ma vérité
Mon coeur bat la dérive ô félonne Cythère
En tes yeux mon beau rêve un matin s'est noyé

Des éclairs du désir les pourpres ont fané
Du flamboyant roman pleure en moi la chimère
A trop rêver la vie amour s'en est allé
En tes yeux mon beau rêve un matin s'est noyé.

 

· La villanelle était très prisée au XVIe siècle par son rythme agile.
· Elle est formée d'une succession indéterminée de tercets, sur deux rimes, dont le 3e vers reprend successivement le 1er puis le 3e vers du poème. La dernière strophe qui devient alors un quatrain reprend les deux 1ers vers.



BALLERINE
( terza rima )


Coquette ignores-tu, saupoudreuse de charmes,
Rieuse au teint de fleur, vaporeuse en tutu,
Combien, pour un baiser, il boirait de tes larmes ?

L'ambre d'un sein dressé d'organdi revêtu,
Ta peau de vierge brune en ta nuque de reine,
Tout de toi l'éblouit, sylphide, le sais-tu ?

Il voit des astres bleus quand la valse t'entraîne,
Des notes de cristal entend carillonner,
Savoure en son ballet ta grâce souveraine.

Il imagine un bal, un ciel où t'emmener,
Vos bras entrelacés d'un élan pathétique,
Un archipel de mots, un seul à décliner…

Tous les deux vous formez un couple romantique,
Purs papillons d'or fin des songes les plus doux,
Ballerine tu es, d'une boîte à musique ,

Et lui petit garçon en extase à genoux.


28/10/2002


ET LE COEUR ?…

 

Et le cœur éternue,
Meulé par les galets,
Sur la plage grenue
Des désirs enchaînés…

Et le cœur s'époumone
En plis accordéon,
Refermant la crémone
Sur bulles de savon…

Et le cœur se desquame
A lisser sa douleur,
Comme rides à l'âme,
Pleurant en Ré mineur…

Et le cœur s'encoquille.
Levés, les ponts-levis,
Refermée, l'écoutille,
Coraux ensevelis…

Soudain le cœur sursaute.
Un reflux de vigueur,
En une vague haute,
Fustige sa langueur…

Et le cœur s'ébouriffe.
D'un baiser reverdi,
Tendrement il s'agriffe,
Au cœur-à-corps surpris…

Et le cœur caracole.
Aux créneaux de son mât,
S'enroule et rossignole,
Amour en son sabbat…

19/01/02


ERRANCE
( Lipogramme, écrit sans la lettre " o " )


J'ai la tête en maraude,
Senteur d'épi brassé,
Humus de reine-claude,
Sur ciel dédicacé.

Dans la menthe sauvage,
Par les sentiers déserts,
Je glisse d'un nuage,
Au pas de l'univers.

Le ruisseau me salue,
Babillages nacrés,
Quand la brise ingénue
Susurre ses secrets.

J'ai la tête en cavale,
Entre hier et présent,
L'espérance en escale
Un si petit instant.

L'arbre à l'écaille brune
Prête un flanc généreux,
Lie mes peurs une à une
Aux cernes de ses yeux.

L'épine a sa prunelle,
Le silence, sa nuit,
Je trempe ma crécelle
Dans le temps qui s'enfuit.

J'ai la tête en déprime.
A la vie qui s'en va,
Je cherche une autre rime,
Qui me la prêtera ?

22/09/2002

 

LA BAS...


Je suis allée là-bas...
En attente de toi, dedans ma chrysalide,
Sur la lande endormie où voyageait ton nom,
Les mains pleines de mots, ma jeunesse pour guide,
D'une fragile note espérant le bourdon,
Je suis allée là-bas…

Je t'ai trouvé là-bas...
Lorsque la mousse bleue a parfum d'églantine,
Rien ne ressemble à rien sous un ciel un peu louche.
Tu as rivé tes yeux aux miens criant famine,
Et comme un incendie en rosée sur ma bouche,
Je t'ai trouvé là-bas...

Je t'ai aimé là-bas...
Tu m'appris du désir la fondante agonie,
En tressant des je t'aime à mes cheveux mouillés.
Des sursauts de nos corps d'où jaillissait ta vie
Aux longs gémissements des songes rejetés,
J'ai tout aimé là-bas...

Je suis restée là-bas...
Là, sur de noirs coteaux, dans un désert sans lune,
Tu clouas ton mensonge au plus profond de moi,
D'un mot tu repris tout, ton rire et ma fortune.
Le coeur ensanglanté d'un vide déjà froid,
Je suis restée là-bas..
Refermant à jamais l'empreinte de nos pas,
Je suis morte là-bas...

14/02/2002

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