...................Jean-Charles SEBAOUN..................................

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Professeur de formation, Jean-Charles SEBAOUN a enseigné la philosophie, puis l'anglais.Après quelques années dans le public, il crée une école -devenue lycée- qu'il dirige durant trente ans environ. Désormais, ayant arrêté cette activité, il consacre une partie de son temps à la poésie, une autre à traduire certains ouvrages, une autre à pratiquer du sport. Il aime la musique, goût partagé par son fils jeune compositeur classique. La littérature est également un domaine dans lequel vont ses préférences.

 

 

 

 

POEMES

 

SOMMAIRE

Mollesse
Absence
Baisers de lune
Bénédiction
Blessure
Cette nuit-là
Chopin
L'étranger
L'horreur
Le clochard et la dame
Le comédien
Le gâteau
Le philosophe
Le vin
Nuit de lune

 


MOLLESSE

Vos lèvres en bouquet avalent le désir
Du vieux poète ouvert à la chaude caresse
Du temps fini qui coule à son dernier plaisir
Avec des restes bleus laissés dans son ivresse

 

Mollesse du désir déjà déshabillé
Des vibrations du sang qui chauffent la fourrure
Des lèvres abimées sur le vieux marbre usé
Par l'écorce finie de la fière parure

 

Pardonnez ma faiblesse ô jeune adolescente
Mon regard est plus court et mon corps ne voit plus
La volupté des nuits aux femmes indécentes

 

Unir ma vieille chair à la peau de mes rêves
Femmes de mon destin et de ma déraison
Venez fouiller en moi des désirs fous sans trêve



 

ABSENCE

J'ai coupé ma tête comme une vieille fleur
la souffrance est restée au milieu du naufrage
j'appelle avec mon corps une lourde douleur
pour apaiser l'horreur de mon ancien visage.

 

Lourde est la peine, la peine toujours plus noire
au milieu des feuilles, des feuilles en saison
quand le regard coupé a perdu la vision
de l'automne endeuillée par le ciel illusoire.

 

J'accueille, libéré de mon corps douloureux,
les oiseaux noirs de Dieu, écrivains sur leurs ailes
des envolées du temps au corps miraculeux

 

Le corps du temps fleurit mon vieux corps amoureux
des yeux bleus du passé, quand l'émotion rappelle
les flots ensorcelés des sanglots délicieux.


 

BAISERS DE LUNE

Mon vieux crâne sans bleu balance vos deux yeux
Il a mis tout l'été ses douleurs amoureuses
Sur le trottoir du cœur et ses couleurs palpeuses
Vieux crâne du jardin vidé de tous vos bleus

 

Mais je reviens ce soir le crâne plein de fleurs
A vos taches fleuries dans cette nuit de lune
Où la folie d'un songe imaginait vos pleurs
Vos pleurs que j'embrassais de mes baisers de lune

 

Baisers de lune sur vos lèvres en jardin
Quel émoi dans la nuit de ces étoiles bleues
Qui glissaient de vos yeux pour changer mon destin

 

Je vais de bar en bar et d'amour en amour
Pour souffrir et souffrir de ce merveilleux jour
Où la nuit pour nos yeux mit ses toilettes bleues

 

BENEDICTION

Il est jour d'automne les morts ont bien jauni
il pleut en Israël les morts n'ont pas d'automne
la mort en Israël est jeune Dieu merci
on tue on les massacre au soleil qui frissonne

 

Ce frisson qui permet aux humains de l'été
de voir en chaque juif une mort apaisante
pour le repos de l'âme et du ciel baptisé
au nom du père et de la haine bienfaisante

 

On allumait les gaz pour supprimer les yeux
les yeux profonds et noirs amoureux de la lune
qui regardaient le ciel pour mourir dans les cieux

 

Un enfant clairsemé dans les bleus de l'amour
un juif aux yeux bouclés verse une larme brune
avant de
s'allonger dans la chaleur du four

 

BLESSURE

Doucement lentement je soulève le voile
de ce lieu en broussaille qui veut s'épanouir
quand une gerbe raide sur le bord de sa toile
veut déchirer l'entrée, vous faire tressaillir.

 

J'aimerais maintenant agrandir mon bel arbre
dans la forêt ouverte envahie de chaleur
pour soulager en vous par moi la fleur de marbre
jouissance irradiée par les flots de l'ardeur.

 

La chair est triste, hélas ! avait dit le poète
et la nuit attristée de votre lieu vieilli
augmente le chagrin de ma folle conquête

 

Des arbres lourds nourris de la chair dévastée
écrasent mon cerveau soûl et fou décrépi
délaissé, au milieu de votre fleur blessée.

 

CETTE NUIT-LA

Cette nuit là, la nuit des fleurs et des regards,
les roses avaient sorti leurs plus belles toilettes
mon cœur avait bondi de son lit de clochard
l'été avait ouvert les bleus de sa palette.

 

Je voulais décrocher les parfums de la terre
pour transporter mes yeux, adoucis, parfumés,
vers l'éclat silencieux de vos lentes paupières
qui ne pouvaient lever leur beauté dans l'été.

 

Le temps le ciel la mer s'habillaient du jardin
au bord de son sommeil couvert par les étoiles
délicieuses et fruitées lumières de satin.

 

Je voulais apporter la forêt de mes arbres
sur votre chair de soie enveloppée des voiles
qui tissent la saison de vos yeux dans mes arbres.


CHOPIN

Vous écoutez Chopin avant d'aller pleurer
vous écoutez tout nu les bruits de la musique
car nous avions de l'eau sur la note pudique
qui recommencera au coin de notre été

 

Laissons-nous nous aimer une nouvelle fois
aimer notre passé avec ses gammes douces
soirées dans les parfums soirées dans l'autrefois
nous étions dans nos cœurs tout recouverts de mousse

 

et Chopin dans la peur de ne plus composer
de rester inutile aux roses musicales
qui débordent les sons légères et florales

 

Chaque instant de nos yeux des bleus de la beauté
écoutait cette peur de Chopin qui frissonne
quand malade il jouait sa musique d'automne

 

L'ETRANGER

L'enterrement fut calme et même reposant,
Le soleil a brûlé le cortège impuissant,
Le prêtre avait prié pour le repos de l'âme,
Je n'avais pas pensé à verser une larme.

 

Cette mort qui troubla mon état quotidien
je la rendis, un jour, sur la plage de sable
Q'un bizarre étranger, sûrement un vaurien,
Accepta sans bouger, sous un ciel intraitable.

 

Je rencontrai la fille, unique dans son corps
Qui voulût pénétrer mon cerveau, quadrillé
Par la mort, le soleil et son beau ciel d'été.

 

Quand je fus condamné, sur les bords de la mer,
L'été et le soleil, d'un long regard amer
Lancèrent des cris d'amour pour saluer ma mort.


 

L'HORREUR

Que je puisse frôler le crâne des semblables
Pour que la rocaille qui roule ses torpeurs
Dans le sang congelé à l'odeur exécrable
Victorieusement fracasse la puanteur

 

Que je puisse introduire plus avant dans le crâne
L'histoire des rancœurs aliments du tombeau
Où le carnage afflue découpé en membranes
Renonçant à jamais au ciel qui est si beau.

 

Que m'importe la nuit, quand mon passé trahi
S'est perdu dans le bleu, dans l'horreur enfoui
Par mes semblables, mes frères, mes tortionnaires

 

Que m'importe l'espoir, quand dans un siècle d'âge
Un Dieu nouveau, peut-être issu du marécage
Videra les crânes du venin sanguinaire

 

LE CLOCHARD ET LA DAME

Un vieux crachoir d'amour salivant des odeurs
Décroche des pendus poètes inutiles
Dans la rue ouvrière où gît la puanteur
De ce vin revomi dans la mer bidonville

 

Sur la terrasse bleue parfumée par l'argent
Une élégante en soie contemple les nuées
des poètes légers qui courtisent le vent
Avec des mots d'amour aux rimes polluées

 

Une dame sans âme achevant son malheur
Traverse le couloir de ses jeunes années
le visage glacé aux rides surannées

 

Je vois dans le soleil un clochard amusé
Qui regarde la mer pour y tremper son cœur
Avec la dame en soie au regard putréfié.


 

LE COMEDIEN

Je suis un estropié comme ce vieil acteur
qui cherchait dans Molière une scène de vie
je suis un vieil ivrogne enivré par l'odeur
de tous les vieux chemins où j'ai caché ma vie

 

Je détrousse le vin pour ouvrir une scène
imaginez : l'acteur costumé en solo
se présente au passé pour rejouer la scène
où l'amour se dévoile par la magie des mots

 

J'apporte dans ma voix le plus gros de mon cœur
le ventre du chagrin gonflé comme une lune
et qui grossit la scène avec des mots d'acteur

 

quand le printemps nouveau sort ses grappes de vin
je vous aime Ophélie femme au bleu du matin
je suis l'espace fleur des comédiens de lune

 

LE GATEAU

Seule, la mer est seule ce soir, mon cœur est seul,
la lune ne peut plus déposer ses étoiles.
Je suis seul sur la mer, je vais mourir seul,
solitaire douleur détournée des étoiles.

 

Mais la mort ralentit sous l'épaisseur des fleurs
j'ai encore besoin de regarder les roses
j'ai besoin de cacher la fin de mon malheur
dans la tombe fleurie où se meurent les roses

 

J'ai besoin de revoir les couleurs de la nuit ;
pourtant le souvenir fait trembler ma tristesse ,
je ne peux plus ce soir avoir de la tendresse.

 

Je vous porte un gâteau je suis un vieux tout simple
un simple vieux, tout seul, avec son gâteau simple
qui cherche vos yeux doux pour mourir dans la nuit.


 

LE PHILOSOPHE

Je suis le philosophe au beau regard brumeux
Mon doute et mes idées interrogent la brume
Légère poésie évaporée de bleu
Le beau la vérité la pensée amertume

 

Poésie des idées ou froideur de mon âme
Rigidité du cœur délaissé par l'esprit
Je suis le philosophe où la pensée s'enflamme
Vieux poète déçu avec ses vers proscrits

 

Je voulais mettre en vous la lune de l'amour
Avec les couleurs bleues de sa belle lumière
Et je voulais frémir avec vous sans matière

 

Nos corps auraient flotté au grès de nos idées
Philosophe amoureux passionné par l'amour
J'aurais mis dans nos corps de blanches orchidées



 

LE VIN

Un grand buveur de vin installe sa bouteille
Sur le comptoir du soir qui se moque du temps
Etouffé par la joie de la couleur vermeille
Qui dans le rouge fier dépose le Printemps

 

Les passants du comptoir ont bien compris l'histoire
De la peine oubliée dans le grand réservoir
de la fête sans ciel qui nourrit l'abreuvoir
des paroles d'amour sans aucune mémoire

 

Demain ou aujourd'hui ont dressé la veillée
des amoureux du vin qui boivent la couleur
qui sonne sa saison pour une autre tournée!

 

Si le retour du vent, perdu, mélancolique,
veut contempler votre âme, envoutée de douceur,
Regardez votre verre, éternel nostalgique.

 

NUIT DE LUNE

Nous avions des forêts la mer et le jardin
Un ruisseau de couleurs aux couleurs de Verlaine
Et vos lèvres d'été vos lèvres du matin
Qui caressaient le vent qui caressaient ma peine

 

Mon souvenir ici tremble de vos seuls yeux
J'ai perdu les éclats du regard amoureux
Qui doucement parlait à mon corps silencieux
La nuit jetait des fleurs dans nos yeux amoureux

 

Je me rappelle ici le temps de votre bouche
Quand vous aviez des mots endormis dans la nuit
Pour parler à mon cœur au silence farouche

 

Quelquefois nous allions dans la lune accablée
Pour embrasser nos yeux dans le creux de son lit
Et lui porter l'été et sa rose bleutée

 

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