Luc BERTAL
le poète aux mains nues

 


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Un poète Rochelais à l'esprit vif,
humble, passionné...
et toujours aussi actif à 87 ans !!!

 

Luc Bertal est né dans la cité mancelle l'année de la Tragédie du Siècle. Une période sombre, baignée dans le sang et les larmes : la Grande Guerre.
Sillonnant ainsi le XX° Siècle, son parcours est ponctué par des déchirures historiques lui rappelant la folie grandissante des hommes, et par des douleurs personnelles.
Adolescent, il a vécu le deuxième drame, celui de la 2nde Guerre Mondiale.
Poète, il n'en demeure pas moins patriote, livrant des messages codés sous forme de poèmes. Sa participation, qu'il considérait comme modeste, aurait pu le conduire à la déportation ou au peloton d'exécution…

" Dans la brume poussent
des coquelicots
les larmes de la nuit
Glissent sur les étoiles
Et l'aiguail de l'aurore
Pleure le condamné
Les fusils fleurissent
Suent les gibets ouverts
En salves de serpents "

(extrait du recueil : CUM GRANO SALIS)

La poésie a pris son âme comme on prend un matin la décision de mener sa vie.
Luc Bertal l'affirme : "On ne devient pas poète, on naît poète". Il en étudie la structure, les formes, et sert sa muse en adoptant les techniques qui assurent à son ressenti une musicalité certaine. Il puise ses références au sein de l'Ecole de Rochefort sur Loire, cette cour de récréation dans laquelle les poètes se réunissent pour parler de liberté, à un moment où l'Occupant fait marteler ses bottes dans la moitié de la France.

En 1970 , il anime un cabaret littéraire, " LE DOMINO NOIR ", au Mans. Aujourd'hui encore, il reste très actif dans le milieu poétique et littéraire, dirigeant un atelier d'écriture à La Rochelle.

Ce poète est un homme de cœur, généreux, dévoué à la détresse de l'autre. Fondateur d'une association pour personnes handicapées, son charisme est reconnu de ses pairs.

Sa vie est ponctuée par des drames familiaux, malgré cela, il garde une foi et une sérénité exemplaires ; la principale épreuve qu'il ait à subir fut d'accompagner jusqu'à la fin sa femme dans la douleur de la maladie, quarante ans durant.Toutefois, ses œuvres restent empreintes d'espérance.


LE GOELAND GRIFFE LA VAGUE

Le goéland griffe la vague
Et le voilier en a blêmi.
L'esprit du cœur a l'âme vague,
Je n'ai pas eu que des amis.

Et toi, corbeau qui me regarde,
Toi qui recouds le ciel cendré,
Que te faut-il pour une garde ?
Rameau de paix sur les adrets !

Un grand éclat de notre peine :
Eclat de guerre, éclat d'horreur,
L'esprit du cœur gémit de haine
Qu'a fait le temps de nos ardeurs.

L'océan bleu sertit ses bagues,
Je n'ai rien dit de mon chagrin,
Le goéland griffe la vague
Dans cette nuit où meurt le grain.

 

Il définit son état Poète de façon très particulière : "Mon écriture est bicéphale", se plait-il à invoquer. Bicéphale, certes, tant sur la forme que sur le fond. Pour lui le mot est un arc en ciel de sentiments vers lequel on tend pour en extraire l'essence.
Passé maître en l'art de muser en alexandrins, en sonnets, en lais, virelais, ballades, terza rima et autres formes poétiques, il s'affranchit doucement des règles et sert alors son inspiration de façon plus libre, beaucoup plus libre, en prenant plaisir aussi à se jouer des mots. Quant au fond, ses inspirations le mènent à travailler les contrastes de la nature (beauté - cataclysme), celles de l'homme (amour - maladie), celles des calamités sociales (misère, faim), celles des évènements mondiaux et celles, bien sûr, propres au déchirement de l'écrivain… la souffrance, la mort.

Loin de considérer que l'art poétique doit rester une œuvre destinée au support papier, il dit haut et bien fort que la poésie doit nécessairement être véhiculée par un porteur de voix. Se réclamant lui-même poète, il ne néglige pas une vérité qu'il colporte auprès de ses semblables : " Chaque geste, chaque pensée, chaque envoi de la vie est de la poésie. ", ou encore : " Le cœur qui s'ouvre à l 'aspiration des autres : la poésie… c'est cela, et non les coupes et médailles remisées sur la cheminée ", ou ceci encore : " (la poésie) c'est avant tout un cœur qui saigne de ne pas comprendre la misère des hommes. "
Oui, Luc Bertal est un poète tel qu'on le ressent, un vrai. Non pas un rêveur tel que l'imaginaire nous l'inculque dans la conscience collective, mais un qui se sert de la réalité pour la transcender en rêve :
" La poésie est une route fleurie, qui déroule en rêve la richesse des mots jusqu'au creux de nos vies. C'est aussi, et surtout, un état de choc qui transperce le poète. "

Découvrez cet auteur au travers de ses textes, ils sauront toucher votre âme...

Coordonnées du poète :

Luc BERTAL - 110 avenue de Rompsay - 17000 LA ROCHELLE
tél : 05 46 27 21 44

Pour toute question concernant Luc Bertal, vous pouvez contacter le rédacteur du présent article, Pierre BRANDAO, à l'adresse suivante : enversdesrimes@yahoo.fr

Bibliographie

- Le Miroir aux Alouettes
- Les Rayons et les Ombres
- Mon Maine Gaulois
- Mes Eaux Vives
- Intermezzo
- Ballades pour une cité
- Le Miroir à deux faces
- Ah Hominem
- Jeux de Massacre (La Pensée Française)
- Les Chants de la Noria
- Poétic 7 N° Spécial 17
- Le Chandelier à 7 branches
- Le Chant du Monde
- SOS à la Mer
- Avec les Veilles de la Nuit (APRIM)
- Caméra aux poingts
- Contes à brûler ma soute
- Elans poétiques
- Les Chants du Maine
- Pêcheurs de Lunes
- Les Chants d'Aunis et Saintonge
- Un Cri dans la Nuit ou la Saga des Bancals
- Chants d'Aurore au Crépuscule
- L'Opéra de Quatre Sioux
- Point d'Orgue
- Les Chants de l'Heure
- Le Poète aux Mains Nues
- Cum Grano Salis

 



Extrait de : "LES CHANTS DE L'HEURE"

 

SILENCE

Silence de la nuit, un air de violoncelle,
Un rêve se poursuit, un cœur en éventail,
La vérité du puits consolant mon bercail,
Le dernier point d'appui sur cette villanelle.

A la lune qui luit, je souffle la chandelle
La plume en son étui, sur la goutte d'aiguail
Qui tombe comme fruit de l'ultime travail
Oubliant qu'à minuit Morphée a mis son aile

Sur le vers qui s'enfuit telle une cicindèle
En songe évanoui la nuit met son tramail
Au sein de la tonnelle.

Mon esprit vagabond ainsi qu'une hirondelle
A mis dans sa nacelle
Visage d'un long bail.



Extrait de : " LE POETE AUX MAINS NUES "


POETE AUX MAINS NUES


Dans l'Avril souriant au Printemps,
Pleurant les Affres du Golgotha,
Ne serais-tu qu'un aveu,
De nos folies errantes,
Un ongle incarné
Aux pieds d'argile,
Un misérable fétu de paille
Sur la rivière des larmes ?
Poète, un cri jeté à l'univers,
Un miroir de reflets et de brisure,
Déchirure des cœurs,
Emanation des Voix…
Une plume s'envolant
Aux caprices du vent…

L'enclume de l'oubli
Jette sa plainte d'éternité,
L'outil qui s'y complait
Est un esprit vengeur…
La plume du poète
Vagabonde sur cette feuille
En rêves évanescents
Appelle le soleil…
Parchemin de mâture
Blanche de ses menaces
Projette son miroir
Sur les espoirs de la nuit…

Façonneur d'images,
Troubadour aux mains nues,
Les doigts en floraisons
Dans l'encre des souvenirs,
Dessines-tu encore,
En amour pour l'homme
Le cri d'un gantelet ?


 

UNE PLUME A LA MAIN


Une plume à la main,
Fuseau de caravelle,
Un rayon de lune
A serti l'heure de nos peines…
Les rides de la vague
Sillonnent l'horizon
Des peurs de son couchant…
Mouvances des embruns
Sur les thérébinthes bleus…
Le chant des sirènes
Errantes de nos soupirs
Aux effluves d'encensoir…

 


 

DANSE DE PLUMES

Danse de plumes
Dans le ciel accrochée,
Valse de brumes,
Voile de mariée,
Chacun sa chacune,
Monte avec la marée
Un clair de lune
Aux bras de Morphée
Et la vague d'écume
Brille de sa camée
Sur mon ciel qui fume
Sa dernière bouffée.

Si je vous importune
De ma lente mélopée
Que ce soit sans rancune
Sans feu et sans fumée.


 

QUAND J'ECRIS TON NOM…

Quand j'écris ton nom
Enivrante Madone,
Sur le parchemin
De mes pas feutrés,
Je trace en un miroir
Ton visage de reine
Et le souvenir brûlant
Des étreintes passées…
Ma plume sera l'aile
De ma colombe envolée
Aux cimes du cyprès
Abritant une stèle
Au granit des regrets.

 

 

TU FUS MA VIE…

Tu fus ma vie
Aux douleurs d'enfantement,
Dans les plis de la vague
Sur la couche du destin…

Tu fus mon ciel
Au seuil de mes veilles,
Un rayon de zéphyr
Transperçant mon cœur…

Tu fus l'envolée
Du poème d'Amour,
Le regard pénétrant
L'œuvre de mes mains…

Et tu fus un sourire
Et tu fus une angoisse,
Mais aussi le ressac
De mes folles pensées…

 

 

QUAND TU VIENDRAS FRAPPER A MA PORTE

Quand tu viendras frapper à ma porte,
Je ne t'ouvrirai pas…
Mais tu sauras bien forcer les gonds
Et couper les blés meurtris
De ta faux vengeresse…
Je serai le rêveur des luttes inutiles
Dans un univers d'ennui et de déraison,
Et les corbeaux lascifs
Croasseront sans fin,
Déchirant les lambeaux de ta plume
Dans l'encre des fenaisons…
Les raisins de la colère
Ecrasés au pressoir
Ne seront plus que poison…

 

 

LAUDES

Dieu met de l'aiguail
Aux yeux des prairies
Comme larmes du matin.

En allant par les chemins
Dans les métairies
Dieu met de l'aiguail.

Rêve le bétail
Dans les bergeries
Comme larmes du matin…

Le réveil du train
Et messagerie
Premiers frissons sur les rails…

Paris fait son bail
Et mensongeries
Jusques au fond du poitrail…

Chacun son destin
Chacun sa tuerie
Le temps est épouvantail…

 

ANGELUS

Midi vient de sonner, au clocher l'Angélus
Entame l'oraison en égrenant ses notes,
C'est l'heure où les passants évitent cumulus.

Sur son banc, affamé, un clochard qui grignote
Un morceau de pain dur. On le prend pour un gus
Qui quémande une pièce et ne boit pas de flotte.

Un étudiant pressé se prend pour Romulus
Poursuivant dans la car la place bien pelote,
Négligeant le bancal debout dans l'autobus.

Deux amoureux transis ont fait une parlotte
Derrière les auvents, auprès d'un tumulus
Les regards se sont croisés quand l'amour se complote.

Le port est un bouchon, on en connaît les us
Des marchands de bonheur, à chacun sa cagnotte
On y vendrait la lune et pourquoi pas Vénus ?

Autos à la fourrière, agents qui papillotent,
Les restaurants sont pleins, à chacun son thymus
On cherche bon marché dans la moindre gargote.

Un joueur de pipeau se prend pour Sibélius,
Le lapin dit chasseur dépose sa culotte
Aux rôtisseurs du quai, en guise de laïus

A l'heure où le soleil se met en gibelotte


AU JARDIN

La Rose éclose en mon jardin,
Gradins badins de cette glose…
Dis-moi, Mon Roi, si cette cause
Cause à ma Rose un grand chagrin…

Arrose de prose l'ondin
Gredin baladin où je pose
Le pouvoir qui croit cette chose
Que métamorphose est fin.

La Rose éclose en mon jardin
Dis-moi, mon Roi, si cette cause
Cause à ma Rose un grand chagrin.

 

REPOS

Au fil de l'heure un clocher sonne
Le temps des glas, le jour des pleurs,
Depuis l'été jusqu'à l'Automne
Que fit le vent de nos ampleurs…

Le temps des glas, le temps des pleurs
Nuage va, mais je demeure…
Que fit le vent de nos ampleurs
Lorsque la vie amène leurre ?

Nuage va, mais je demeure
Sur mon repos qui n'est que cri
Lorsque la vie amène leurre
D'Antans passés qui me contrit.

Sur mon repos qui n'est que cri
D'où va venir une autre attente
D'Antans passés qui me contrit
Dans ma prière la plus fervente ?

D'où va venir une autre attente
Je n'ai rien dit de mon secret
Dans ma prière la plus fervente
Fini le moment des regrets…

Je n'ai rien dit de mon secret
Depuis l'été jusqu'à l'automne
Fini le moment des regrets
Au fil de l'heure un clocher sonne…

 

VEPRES

Rayon de soleil sur la mer,
Les corps bronzés sur les terrasses,
Les pieds brûlés font la grimace,
Rayon de soleil sur la mer,
Et les crabes que l'on fricasse…
Les passants sont de toute race
Rayon de soleil sur la mer,
Le poète est à son Parnasse



Extrait de : " CUM GRANO SALIS "

 

LE SOIR ENVIE UN RAYON DE SOLEIL…


Le soir envie un rayon de soleil
Sur le toit fané de nos renoncements
Au feu de l'âtre où brûle mon poème
La cendre de mes racines se broie
Comme une encre noire.
Ma rime sur les chenets
Des veilles incertaines
Se tord comme brindilles
Dans les rêves évanouis.
Ma plume est un oiseau
Lissant ses ocelles soyeuses
Et mon chat, faux-dormeur,
Epie la souris blanche
Qui court sur le miroir
De mon ordinateur.


 

 

HONNETE LA NUIT NE VAUT RIEN


Honnête la nuit ne vaut rien
Aux soupirs indécis,
Mes rêves de l'aurore
Ne sont que langues mortes.
On charge les fusils
Avec des fleurs de poudre.
On pique des cocardes
Sur des cœurs désunis.
On chante des victoires
Aux rives imprécises
En battant des tambours
Que l'on n'écoute plus.


 

 

SE DESSILLER LES YEUX

Se dessiller les yeux
Aux sources du printemps,
Faire éclater la rose
D'arôme en papillon,
Ecouter le rossignol
Dans les bois d'alentour,
Se rêver un poème
Qui sera un oiseau
Et s'en aller vers les îles
Sur l'aile du goéland.

 

 

 

DANS LA BRUME POUSSENT

Dans la brume poussent
des coquelicots
les larmes de la nuit
Glissent sur les étoiles
Et l'aiguail de l'aurore
Pleure le condamné
Les fusils fleurissent
Suent les gibets ouverts
En salves de serpents

 

 

 

L'EPURE DE TES YEUX…

L'épure de tes yeux
Illumine mes heures,
On mange des crapauds
Sur les ailes du vent.
On fabrique des rêves
Toujours irrésolus
Et l'on se croit Poète
Derrière les Auvents.
On a dans nos silences
Sillages de raison,
Mais on écrit d'Amour
Pour taire nos orgueils.
On court après les coupes
Pâles colifichets
Mais est-on Poète
Dans le monde des oublis ?

 

 

 

A LA MEMOIRE DU VENT

A la mémoire du vent
J'ai reconnu ton visage,
Le pourpre de la rose
S'est terni sur ton front…
Je n'ai rien dit au goéland
Des angoisses des nuits
Où s'envolait mon poème,
Ni de ton regard brûlant
Des fièvres de ton désir.
Le cri de ton silence
Sur mes yeux englués
A versé une larme
Et l'aiguail de l'Aurore
En a perlé des diamants.



Contact : Luc Bertal