LUCIOLES MAGIQUES

à travers quelques textes illustrés...

 

 


Brouillard

L'étoile du couchant me prend par le regard
et me visionne l'âme au creux de tes brouillards

Assise en lotus au bord des songes,
je tombe dans les bras de la nuit,
enchaînée aux fers de la raison.

La vague lune en perdition
s'accroche au sillon de morale
Je récolte le fatal
........à la voix des anges noirs
qui raisonne le vitrail des passions.

Le chant dans la nef de l'église
s'envole aux portes de l'enfer
Oh happy days, where are you.
........Where ?
"Je" tant et tant que je ne sais plus
Demain peut-être…
........ou peut-être plus.

Il est de ces instants posés au bord des rêves
Attendant le moment où le présent s'achève.
Demain sans nul doute derrière le brouillard
L'étoile du couchant me rendra ton regard.


Marie

Défaite foraine

Elle a sa douleur au bord des yeux
Perles de sel ou de détresse
elle porte un cœur lourd de l'adieu
Qui anéantit les promesses…

Entends-tu la musique
Si belle des forains
Ton regard nostalgique
S'est éteint…

Entends-tu tous les rires
Des enfants à cheval
Insouciants du délire
de ton mal…

Et tourne manège
Au violon des remords
et des pièges…
Tourne en malemort
Le triste sortilège…

Elle a l'esprit de ce naufragé
perdu au fond d'une bouteille
Elle ne sait où se diriger
L'ombre d'une vague la veille !

Entends-tu tous ces mômes
Aux éclats innocents
Le train s'est fait fantôme
Angoissant…

Entends-tu la roulette
d'un hasard bienfaiteur
Mais la bille s'arrête
Hors du cœur…

Et tourne manège
au violon des remords
et des pièges…
Tourne en malemort
Le triste sortilège…

Elle s'écarte loin du village
Tant elle se sent à contre-jour
Et se rapproche près du rivage
Pour en finir avec le jour…


Pierre Brandao

 


Où gratte le stylo
sur le papier de vers,
où claquent les doigts
sur le clavier froid,
s'affichent les mots amers
à l'écran de verre.


Où grave au couteau
sur l'écorce du chêne,
où s'envole la plume
sur le banc des peines,
meurent les mots en fleur
à la muse cœur.


Où s'effrite la craie
sur le noir du tableau,
où trace à la bombe
sur le mur des maux,
plombent les mots de sens
à l'encre de sang.


Où reste la page blanche
sur l'espace du temps,
où tombe le crayon
sur la ligne d'horizon,
emportent les mots purs
à l'écho futur.

Où ?


Marie

 

Miroir de mes saisons


L'hirondelle de ton regard
Lance un boomerang au soleil ;
Me revient un trait de sourire
Au bord des pluies intérieures ;
Je saute la corde des jours,
Le vent s'engouffre de mystère…
Et les bourgeons se font désir
A la bise printanière…

Les rayons de ta peau ruissellent
Sur une plage de sable d'or
Ton corps chauffe les galets
Brûlant les soupirs estivants
Dans le creux du ressac hardi
La fraîcheur bouillonne troublée
Et l'océan devient geyser
Quand tu plonges en vague d'aise…

Un souffle de mille couleurs
S'échappe des arbres en feu,
Le moineau de ton âme s'envole,
Picore la douceur des grains murs,
Les feuillaisons de tes pensées
Se reflètent dans mes flaques
Et le chemin que tu empruntes
Mène à l'automne des passions…

Tu étales un drap blanc
Aux branches des souvenirs
Les neiges fondent en cœurs liés
Si les braises du foyer pétillent
La couverture hivernale se défile
Quand revient l'hirondelle de ton regard
Et dans l'air de tous les matins
Tu es le miroir de mes saisons.

Pierre Brandao