SOMMAIRE

Le Verbe
Exode
La naissance d'Ondine
Mon rêve saigne
Le prêtre et la nonne
Belle

 

 

LE VERBE

Le Verbe
..........Explose en mille éclats de vers !

S'éparpille en lucioles d'âmes éphémères,
..........Se tortille,
....................Se vrille,
..............................En touches d'univers…


Le Verbe
..........Eclate la pureté de son essence !


Se promène dans les paroles et les silences,
..........Se démène,
....................Sans honte, sans peine,
..............................Dans de troubles sens…


Le Verbe
..........Adule le miroir amer de l'âme,


Contemple les reflets de froideur et de flammes
..........Mystères de l'esprit,
....................Mystères de l'écrit,
..............................Tel un secret qui charme…


Le Verbe s'est brisé !
..........en mille morceaux de vers !


Sur le carrelage froid de l'âme en souffrance !
..........Eparpillés !
....................jetés !
..............................Anéantis !
..................................................finis !

Tel le scintillement fragile d'un reflet sur la vague...

 


 

EXODE

Entends, mon fils, le grondement sourd du canon ;
Les Germains ont enfoui la hache de raison ;
Leur jeunesse égarée s'est emparée des armes,
Et pour solde aujourd'hui : du sang et du vacarme !

..........Je veux défendre mon toit, mon père,
..........Je ne me sens bien que sur ma terre.

Entends, mon fils, il faut quitter notre logis,
Abandonner pour un moment tous nos amis ;
Rejoindre sans plaisir les routes de l'exode,
Eviter le stuka et l'ennemi qui rôde

..........Je veux défendre mon toit, mon père,
..........Mes racines sont sur cette terre.

Entends, mon fils, le dernier pleur des innocents,
Dont la vie est noyée au milieu de son sang ;
Ne soyons pas meurtris jusqu'à la désespérance,
Pour aujourd'hui partons : demain sera vengeance.

.........Je veux défendre mon toit, mon père,
.........Contre l'Allemand qui veut ma terre !

Non, mon fils, non ! Il faut d'abord fuir ton orgueil !
Nous sommes obligés de quitter notre seuil !
Presse-toi ! Les gens crient ! Un stuka ! Des rafales !
Oh, fils, qu'as-tu soudain, tu me sembles bien pâle ?

.........Je vais rester là, père, ma maison
.........Devient le berceau de mon oraison…

 

 

LA NAISSANCE D'ONDINE


Le soleil a rougi surprenant une vague
Se passionner soudain pour un zeste de vent :
Leur union charnelle eut un heureux dénouement :
L'écume mit au monde une belle naïade…

 

Les cumulus rieurs ont crevé tout l'espace,
Attirant les curieux qui se hâtent de voir :
Ils restent silencieux, bouche ouverte et hagards,
Ils ne s'attendaient pas à de si belles grâces !

 

Le ressac humblement lui sert de robe pure,
Cachant sa nudité aux éléments transis.
Son doux regard, bleu intense, perle d'Asie,
Attire l'Océan en quête d'aventure…

 

Rejoignant le rivage en deux foulées divines
Naïade s'interroge : a t'elle donc un nom ?
Et la vague et le vent, toujours dans leur passion,
Lui disent en riant : tu t'appelles Ondine !

 

 

MON REVE SAIGNE

Mon rêve saigne au souvenir d'une larme
Un mot ébranle l'équilibre,
Raison austère d'une question interdite.

Mon songe déchiré dans le firmament du doute
Pleure la pensée sur un frêle esquif ;
L'Atlantide de la passion se noie dans l'abîme invisible.

Implosion de l'éther à souffrir trop l'absence,
L'âme d'un pleur écartèle l'existence,
Partage de réalités en caresses insensées.

Mon rêve-blessure rougit la nuit,
Plaie béante devenant cicatrice,
Cicatrice amère du souvenir…

Le mirage de tes yeux, océan amer dans lequel je me perds,
Est l'insensé combat
D'inavoué tumulte sans nom…

J'ouvre l'enveloppe du jour
Pour écarteler
Le cauchemar du silence…

 

 

LE PRETRE ET LA NONNE


" - Mon Dieu, secourez-moi, je ne sais plus quoi faire.
Elle vous appartient mais dérange ma foi,
Car ses yeux sont si purs que je reste sans voix
Quand je lance un sermon installé dans ma chaire.
Sainte vierge Marie oui, je deviens si lâche,
Que je prie et m'abaisse ; embrassant cette croix
Pour vous. J'étais l'abbé sans aucun désarroi :
Son sourire a suffit pour faillir à ma tâche !
Jésus ! Ecoute-moi ! Je souffre la tourmente ?
Me ferais-tu donc loup pour m'offrir cette proie,
Loup malade, qui transpire, de chaud, de froid,
Et qui se sent remplir de passion démente ? "

" - Mon Dieu, secourez-moi, je ne sais plus quoi faire.
Me voici là, pleurant, les mains sur la paroi
Je remets en question ma vie en ce beffroi
Car un homme me plait : à vous je le préfère !
Sainte vierge Marie il faut que je le sache !
Le mensonge s'efface à trouver le courroux,
Transparente je suis pour ce sentiment fou !
Il est vraiment idiot que cet amour se cache !
O Jésus toi si bon faut-il que je te mente ?
Je suis nonne adorant ton humble serviteur,
Qui a tant craint ton jugement inquisiteur,
Qu'aujourd'hui elle clame une passion démente ! "

 

" - Laissez-nous nous aimer, notre Dieu, notre Père,
Que nous vivions enfin comme un couple normal ;
Nous avons accepté le sacre baptismal,
Complaisamment prié dans votre sanctuaire ;
Et par ce libre choix, Vierge Sainte Marie,
Nous avons décidé de changer l'avenir :
Nous sommes maintenant libre d'aller, venir,
Dans ce cachot divin l'extase s'est remplie !
Ta tolérance est grande ô notre bon Jésus,
L'amour est une faute à laquelle on pardonne ;
Le feras-tu pour nous, moi, prêtre, et elle, nonne ?
Qu'importe ! nos baisers ne nous ont pas déçus ! "

 



 

BELLE

Plus belle qu'une aurore,
Plus tendre qu'un baiser
Je chanterai ton corps
Jusqu'à en être osé
Femme aux cheveux d'or ...



Il faudra taire le long du chemin
L'incroyable vérité de notre destin ;
Pourtant notre amour est si pur
Que ne peut se conter notre aventure.
Ton cœur est le journal intime
Qui couve notre doux crime.



Plus belle qu'un printemps,
Plus libre que la neige,
Je caresserai ton sang
D'un tendre sortilège
Femme de sentiments...



Pas à pas le secret charnel demeure
- Rythme nécessaire du bonheur -
Tandis qu'un monde hostile nous importune,
Jugeant notre amour d'une tribune
Ton cœur devient le joyaux précieux
Dont la pierre sont tes yeux...



Plus belle qu'une aurore,
Plus tendre qu'un baiser
Je chanterai ton corps
Jusqu'à en être osé
Femme aux cheveux d'or...



Plus belle qu'un printemps,
Plus libre que la neige,
Je caresserai ton sang
D'un tendre sortilège
Femme de sentiments...



J'irai
Cueillir ma tendresse
Au pistil de tes lèvres
Fleur du plus beau rêve ...

 


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