Un baiser de rêve
L'aube à peine rougie
a refermé les yeux,
Témoin inavoué d'un crime délicieux :
Un baiser à corps d'âme a soulevé le voile
D'une nymphe endormie au sommet d'une étoile
Ses lèvres
de rosée à saveur de muscat
Déposent le fruit mûr sur un pied délicat ;
L'éther danse, voltige et la bouche qui brille
S'attarde sur la fleur de sa douce cheville
Le baiser est un nuage
Au rêve un peu volage
La paume du jour frôle
un mollet languissant,
Le doux frisson rayonne au désir rougissant...
Dans l'ombre du genou le rêve s'acoquine,
Bourdonne le volcan de douceur clandestine
Un cumulus rieur
d'un regard malicieux
A tiré le rideau pour le maître des cieux ;
Et le fin doigt d'Azur sur la plaine des cuisses
Dessine le vent frais des soupirs qui gémissent
Le
baiser est un nuage
Au rêve presque volage
L'oasis palpitant au mirage attendu
Offre la pureté d'un plaisir suspendu
L'aube puise la force en buvant à la source,
Tandis qu'au firmament vacille la Grande Ourse
Le tourbillon charnel de son
ventre ouragan
Dépose un pur aiguail sur un sein arrogant
L'épaule du zénith embrasse la poitrine
Une tempête naît secouant son échine !
Le baiser est un nuage
Au rêve toujours volage
Un sourire et un cri au seuil
de ton sommeil,
Tu prêtes ton beau rêve à ce pâle soleil ;
Et pour garder en lui la plus belle des fièvres
Il dépose un baiser au songe de tes lèvres
Pierre Brandao
|