Pour ma
fille
Tu étais près
de moi silhouette évanescente
Dans un Paris pétri de souvenirs d'antan,
Je te voyais fillette, joyeuse, adolescente,
Tes cris, tes larmes et tes rires d'enfants.
Ta vie défilait
sur un rayon de Lune
Comme un tapis volant avec ton sourire las.
Tu étais pour moi : amour, gloire et fortune
Aujourd'hui pourtant cela ne suffit pas !
Je suis à tes cotés
silencieuse, impuissante
Te regardant lutter contre un obscur destin,
Je serai près de toi à chaque instant présente
Jusqu'au jour où ma vie s'achèvera soudain
Juillet 2000
Le cri
Une douleur infinie dans
ton regard me glace !
Ce regard qu'aucun mot ne pourrait définir
Serait-ce un au revoir, ou un adieu fugace,
Une vie qui s'enfuit vers un autre avenir ?
Puis-je te suivre ? Ou
dois-je te chercher ?
Sur le bord du chemin je reste anéantie
Je n'ai su que te voir, t'aimer et t'admirer.
Maintenant, il est tard et je jette un long cri
Celui de l'agonie d'une
louve solitaire
Celui du désespoir à l'écho infini,
Le cri de l'enfant ayant perdu sa mère,
Je jette le dernier cri, le plus poignant des cris !
9/2000
Hier
encore
Hier encore nous échangions des mots
Je les ai remplacés par le chant des oiseaux,
Le souffle du vent par les branches chuchoté,
Le murmure insidieux de la campagne, l'été.
Hier encore ta présence
emplissait ma demeure
Je l'ai remplacée par des vides et des leurres,
J'ai balayé mon cur des souvenirs d'antan
Effaçant notre vie, j'ai défié le temps.
Hier encore nous vivions
Mais que sera demain ?
"La sagesse, me souffle un ange séraphin,
Ignorer l'avenir, vivre dans le présent,
Ecouter le silence et des oiseaux le chant"
.
01/06/02
La
carcasse du bateau
Seul, échoué sur la grève, prenant de toute
part l'eau,
Les flancs percés, trônaient les restes
d'un vieux bateau.
Enfants nous aimions descendre sur la plage
Découvrir son squelette dans notre paysage.
Etait-ce un rêve
d'antan qui termina sa route ?
Offrant ses restes aux voies du firmament ?
L'étoile qui tombe, l'éclabousse de ses gouttes,
Les ténèbres le recouvre d'une voilure d'argent
Mais un jour, où
l'orage a été le plus fort,
Une vague a emporté la carcasse du bateau.
Il ne reste à nos curs que rêves et joyaux,
Que nous garderont au delà de la Mort !
25/12/01
La bouteille
à la mer
J'ai trouvé une bouteille sur le bord de la plage
Rejetée par les vagues. L'usure, les coquillages
Ornaient sa robe verte d'un très épais manteau.
Depuis combien de temps vogues-tu sur les flots ?
Je tenais la bouteille
dans mes mains sans l'ouvrir
Rejeter à la mer ce trésor, et partir ?
Non, je voulais tant pénétrer son mystère
Avais-je pour autant, le devoir de le faire ?
Et plus je regardais ce
merveilleux trésor
Trophée d'un long voyage, qui sait, d'un triste sort
N'y tenant plus, je casse doucement les scellés
Et trouve à l'intérieur un rouleau de papier.
"Maudit soit celui,
qui peut-être va me lire
Tu es lié à moi
" Je pousse un long soupir.
"Ce soir je jetterai cette bouteille à la mer
Elle contient mon âme dont tu es l'héritière.
Ayant aimé, vécu
et bu jusqu'à la lie
Tous les plaisirs offerts, rejetant les soucis
J'ai brûlé mon cur et j'ai vendu mon âme,
L'enfer qui me poursuit déroule son oriflamme
Qui m'enveloppera de sa
bannière d'argent
Pour honorer mes tares et mes crimes de sang
Etes-vous différent, vous le croyez, peut-être
L'illusion de l'amour aujourd'hui vous pénètre.
Demain jettera sur vous
son masque d'horreur
Votre vie baignera sanglante dans la peur
Le temps est révolu, car tout est éphémère,
Mon sang se glace et je quitte cette terre !
Adieu
"
Je n'osais rejeter la bouteille
à la mer,
Elle me brûlait déjà des flammes de l'enfer
29/05/02
La Guenon et les
Lunettes
(fable)
Avec l'âge, la vue
baisse, dit Guenon à son ami Martin,
"Ce n'est qu'un moindre mal, d'après l'écho
humain !
Il te suffit d'un rien ! Que d'une paire de lunettes
Que l'on pose habilement sur sa petite tête ! "
Sur ce, paisible et gaie,
la guenon s'en alla à la ville ;
D'où elle rapporta provisions et multiples ustensiles
Des lunettes ? elle s'en procura une bonne douzaine
Elle les tourne, elle les vire, les accroche en fontaine
Tout autour de son cou,
les enfile sur sa queue,
Les serre contre son cur, hélas ne voit pas mieux
!
Elle les sent, elle les lèche, les pose sur l'occiput,
Mais n'arrive toujours pas à atteindre son but !
Ecouter les humains - ne
sert jamais à rien !
Une fois de plus ils ont menti
Vaurien !
Furieuse, prenant une pierre elle écrasa son bien
Les bris de verre fusèrent brillants dans son jardin
Il nous arrive aussi ,
par manque de connaissance,
De détruire et pester contre l'intelligence
Puis rester la vue basse entourés de débris
Refusant l'ouverture, la beauté et la Vie !
08/11/01
Ami,
amant, amour...
L'ami parfait , celui avec
qui l' on partage
Joies et peines, ou les récents outrages
C'est lui qui dans ses bras, vous console ;
Celui à qui l'on donne son ultime parole...
L'ami, on le reçoit
et le jour et la nuit
Votre cur est ouvert, jamais il ne le fuit.
L'ami la perle rare, rencontré quelquefois,
Gardez le bien au chaud, serré tout contre soi !
...............................*
L'amant parfait : ni trop
beau, ni trop laid,
Ayant un brin d'humour, sans trop d'intelligence
Savourant chaque instant votre tendre présence,
Vous comblant d'affection, d'amour et de gaîté !
S'esquivant comme une ombre,
si tel est le désir
De votre humeur changeante, ou votre bon plaisir !
Revenant à vos pieds au moindre amendement
L'amant parfait n'est qu'un homme en passant
...............................*
L'amour parfait : est une lutte sauvage
Entre deux curs animés d'une même rage
Garder auprès de soi cet être pour la vie
Lui donner pour cela un amour infini
L'amour qui vous dévore
ne laisse que les os,
Vainqueur, rassasié, il te garde ou te quitte ;
Victime de l'amour, il te reste que la peau,
Les larmes pour pleurer, ou bien la mort subite !
04/07/02
Le dernier
wagon
Je suis assise dans le
dernier wagon,
Je t'ai quitté et j'ai claqué la porte,
J'ai attendu que tu demandes pardon,
Le visage vide, pâle comme une morte.
Je suis partie ! Les mots
volent en éclats
Ils blessent et empoisonnent mon cur
Tu voulais faire mal
je suis partie. Voilà !
Souffre à ton tour, l'incertitude, la peur
Je suis assise dans le
dernier wagon,
Celui qui m'emmènera vers l'éternité
Le Nirvana où personne ne dit : "non"
L'âme y vole dans un royaume de paix
Je suis assise dans le
dernier wagon
Tu sais bien que je vais revenir
Peut-être même te demander pardon ?
Nous allons repartir, vers notre avenir.
09/06/02
Et pourtant...
Que devient une rivière
sans torrent ?
Que devient une mer sans orage ?
Un plat et triste paysage,
Sans mouvement ! Et pourtant...
Que devient sous vos yeux
l'océan ?
Quand les vagues ondulent autour de la baleine,
L'eau qui scintille à des reflets d'argent
Le bateau glisse lentement sur elle.
Et pourtant... cette beauté
mortelle
Se jette sur sa proie, détruit sur son passage
Ce qui fut hier encore, notre joyeux rivage,
N'est plus que ruines déchiquetées par elle.
Et pourtant... elle se
calme déjà,
S'éloigne de ce triste naufrage.
Indifférente elle s'en va,
Admirer d'autres paysages !
02/09/00